Pour le ministère russe des Affaires étrangères (MAE), l'envoi d'une mission de l'Onu en Irak pour enquêter sur les violations des droits de l'homme par les combattants de l'organisation Etat islamique (EI) est un événement notable", rapporte mercredi le quotidien Kommersant.
Cependant, certains partenaires de la Russie en Occident et au Proche-Orient continuent de flirter avec les forces islamistes radicales. Selon les militants des droits de l'homme, les islamistes mènent des opérations de nettoyage ethnique au nord de l'Irak, persécutant tout particulièrement les chrétiens et les yézidis.
La session spéciale du Conseil des droits de l'homme des Nations unies a été convoquée à l'initiative de l'Irak et avec le soutien de la Russie, de la Chine, des USA, du Royaume-Uni, de la France et d'autres Etats. A l'issue de la réunion, le ministre russe des Affaires étrangères a commenté les discussions: "Les délégations ont exprimé leur préoccupation particulière face à l'activation significative des terroristes en Irak et en Syrie, aux crimes odieux commis par des jihadistes à l'encontre des femmes, des enfants, des minorités ethniques et confessionnelles, ainsi que tout dissident". Selon les diplomates russes, les participants ont noté la nécessité d'unir leurs efforts pour lutter contre les islamistes dans cette région et empêcher l'expansion de ce groupe terroriste transnational.
Selon les diplomates du MAE russe, la raison de ce sursaut d'activité terroriste en Irak et au Moyen-Orient est dans une certaine mesure le résultat d'une "ingérence extérieure illégale dans les affaires intérieures d'autres Etats à des fins géopolitiques mercantiles". Jusqu'à présent, certains partenaires occidentaux et moyen-orientaux de la Russie continuent à "flirter avec les forces islamistes radicales".
A l'issue de cette session spéciale, les 47 membres du Conseil des droits de l'homme de l'Onu ont adopté une résolution condamnant fermement les crimes commis par l'Etat islamique. En outre, le haut commissaire de l'Onu aux droits de l'homme a été chargé d'envoyer en Irak une mission d'experts pour enquêter sur les violations des droits de l'homme commises par les islamistes, qui devrait être déployée à Erbil, le centre administratif du Kurdistan irakien. Les premiers résultats des experts seront présentés fin septembre dans le cadre de la prochaine session du Conseil des droits de l'homme.
Le groupe d'experts a du pain sur la planche: l'organisation des droits de l'homme Amnesty International a annoncé que les combattants de l'EI menaient des nettoyages ethniques de masse dans le nord de l'Irak. Ses militants auraient réussi à recueillir de nombreuses preuves des massacres et des kidnappings de représentants des minorités ethniques et religieuses. "Le mouvement Etat islamique commet des crimes odieux et a transformé les quartiers ruraux de Sinjar (chaîne de basse montagne et une ville au nord-ouest de l'Irak) en champs d'exécution pleins de sang. Les islamistes mènent une campagne barbare visant à effacer toute trace de vie des non-arabes et des musulmans non-sunnites", souligne Amnesty International.
Pendant ce temps, les premiers signaux indiquant que l'offensive des terroristes a pu être finalement enrayée commencent à arriver d'Irak. La chaîne irakienne Al-Ikhbariya a rapporté lundi que les terroristes ont commencé à quitter les rues de la grande ville de Mossoul pour se retirer en direction de la province syrienne de Racca - un retrait dû aux actions de l'armée irakienne, des unités de la milice chiite et des Peshmergas kurdes, ainsi que des frappes chirurgicales de l'armée de l'air américaine sur les positions des terroristes.