Le ministère de la Défense renforce le contrôle de la frontière aérienne russe en Arctique, écrit le quotidien Izvestia.
D'ici un an l'Agence fédérale de construction spéciale (Spetsstroï) finira la construction des sites de défense antiaérienne et les centres de contrôle de l'aviation militaire russes sur la côte de l'océan Arctique. La réhabilitation de l'infrastructure aérienne coûtera 6 milliards de roubles, soit près de 130 millions d'euros. Les experts expliquent le renforcement du contrôle de l'espace aérien dans la région par la situation géopolitique et l'exploration du plateau arctique.
Spetsstroï a confirmé la construction de cinq centres stationnaire radar et de contrôle sur l'île Sredni de l'archipel de la Terre du Nord, sur la Terre d'Alexandra, une grande île de l'ouest de l'archipel François-Joseph, au cap Schmidt sur l'île Wrangel à Tchoukotka et dans le village de Rogatchevo sur l'île Ioujny de la Nouvelle-Zemble.
"Les itinéraires stratégiques directs de l'armée de l'air américaine en Russie passent par l'Arctique. Nous avons effectué 340 raids vers les côtes américaines. C'est pourquoi la défense aérienne et les chasseurs russes se trouvaient le long du littoral arctique – sur les îles de Tiksi, Vorkouta, Graham-Bell, Terre d'Alexandra, Sredni, dans la baie d'Olenia de la péninsule de Kola et au cap Schmidt. Après la chute de l'URSS, ces sites ont été abandonnés et nous n'avions plus la possibilité de contrôler l'espace aérien de la région", a déclaré l'ex-commandant de l'armée de l'air Piotr Deïnekine.
Chacun des cinq sites mentionnés accueillera des radars de défense antiaérienne avec un poste d'opérateur. Les informations sur les déplacements dans l'espace aérien au-dessus du littoral arctique seront transmises au centre de commandement de la défense antiaérienne dans la région de Moscou.
"En outre, des centres de contrôle des vols civils et militaires seront construits. Le poste de commandement où l'on voit le tableau intégral des frontières aériennes se trouve dans la région de Moscou, il reçoit toutes les données radar et d'avertissement d'attaque balistique", a expliqué Piotr Deïnekine.
Leonid Ivachov, président de l'Académie des problèmes géopolitiques, a souligné l'importance de l'utilisation de l'aviation russe dans la protection des sites pétroliers sur le plateau arctique. L'expert affirme que les pays qui prétendent au pétrole arctique investissent des ressources conséquentes pour assurer leur présence militaire dans la région, tandis que l'infrastructure russe est laissée à l'abandon.
"Nous ne pourrons pas couvrir l'axe arctique sans l'aviation. Nous avons quitté la zone dans les années 1990 en abandonnant les aérodromes et le réseau radar. L'axe arctique est devenu vulnérable. Aujourd'hui nous nous positionnons sur le plateau où se trouvent des plateformes pétrolières sans défense. Les USA, eux, ont déjà réparti l'Arctique en zones de responsabilité pour leurs commandements militaires et ont lancé un programme coûteux pour concevoir du matériel militaire adapté aux conditions arctiques. Sans oublier le Conseil de l'Arctique, dont font partie les forces armées conjointes du Canada, du Danemark, de la Norvège et du Royaume-Uni", a noté l'expert.
"L'Occident ne reconnaît pas l'appartenance d'une vaste partie du plateau à la Russie et se prépare à y défendre ses revendications par la force militaire. Nous devons de toute urgence renforcer et placer la zone arctique sous un commandement commun. A l'étape actuelle, l'aviation y jouera un rôle central pour la reconnaissance et pour intervenir en cas de violation de nos eaux territoriales. La création d'une nouvelle infrastructure est nécessaire pour y disposer d'un groupe d'aviation", conclut Leonid Ivachov.