La position de l'UE concernant le gazoduc russe South Stream est dictée plutôt par le désir de punir la Russie que par l'intention de protéger les intérêts économiques des pays européens, a déclaré lundi à Turku le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
"Bruxelles souhaite punir la Russie, se venger auprès d'elle au lieu de défendre les intérêts économiques et autres intérêts légitimes de ses membres", a indiqué M.Lavrov au terme d'entretiens avec son homologue finlandais Erkki Tuomioja.
"Nous avons récemment entendu Bruxelles dire que les négociations sur le gazoduc South Stream seraient gelées jusqu'à ce que la Russie ne reconnaisse les autorités de Kiev. Est-ce une approche constructive?", a noté le ministre.
Les médias serbes ont rapporté lundi que la Serbie était contrainte de différer les travaux de construction du gazoduc South Stream en raison de la position du pays voisin, la Bulgarie. Le premier ministre bulgare Plamen Orecharski a ordonné le 8 juin de suspendre les travaux dans le cadre du projet South Stream sur demande de Bruxelles.
La Commission européenne estime que les accords passés entre la Russie et les pays de transit (Autriche, Bulgarie, Hongrie et Slovénie) violent la législation européenne et a proposé début juin de geler la réalisation du projet jusqu'à ce qu'il soit en conformité avec le Troisième paquet énergie. La Russie a de son côté engagé une procédure judiciaire au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) suite à l'application par l'UE du "Troisième paquet énergie".
D'une capacité de 63 milliards de m³ de gaz, le gazoduc South Stream est censé acheminer du gaz russe vers l'Europe sous la mer Noire, en contournant l'Ukraine. Le projet est appelé à diminuer la dépendance des fournisseurs et des consommateurs vis-à-vis des pays transitaires. Le gazoduc, qui comprendra quatre conduites de 15,75 milliards de m³ chacune, doit entrer en service au premier trimestre de 2016 pour atteindre sa pleine capacité en 2018.