Selon le site Defencenews.in, l’appel d’offres sur la livraison des armes d’artillerie sera désormais réservé uniquement aux sociétés indiennes, ou aux coentreprises basées en Inde. Une autre condition pour remporter l’appel d’offre postule que 50% des composants de ces systèmes d’artillerie doivent être d'origine indienne.
Cette décision du ministère indien de la Défense a été prise dans les intérêts de la sécurité nationale. En outre, une série de scandales de corruption liés aux appels d'offres internationaux sont survenus dernièrement. Plusieurs entreprises étrangères qui ont été reconnues coupables de corruption de hauts militaires responsables lors des appels d’offres ont été pointées du doigt par le ministère de la Défense. Elles figurent désormais sur une «liste noire». Et les accords passés avec ces sociétés ont été annulés.
La clarté et la transparence des appels d’offres sont une condition nécessaire pour le secteur militaro-industriel du pays. Mais le problème, c’est que les sociétés qui figurent sur la liste noire sont des leaders reconnus dans le domaine de la fabrication des systèmes modernes d'artillerie. Il s’agit du groupe sud-africain Denel, de la société suisse Rheinmetall Air Defense (RAD), et de la société singapourienne Singapore Technologies Kinetics (STK).
Malheureusement, les entreprises indiennes ne possèdent pas suffisamment d’expérience pour se lancer de manière indépendante dans la fabrication de ces armes. Pour l’instant, seule Tata Power SED a pu créer un obusier de 155 mm, et encore, avec l’aide de partenaires étrangers. cette arme est composée à 55% de pièces avec un savoir-faire des technologies balistiques, sortant des usines indiennes. Cependant, d'autres technologies, notamment le système de navigation d’inertie, ont été empruntées aux partenaires en Europe de l’Est et en Afrique.
Les experts militaires indiens sont très inquiets par les rythmes lents de la modernisation de l’armement dans le pays. Pour l’instant, l’Inde satisfait plus de 75% de ses besoins en matière de défense grâce aux importations de l’étranger. D’ailleurs, la plupart des officiers reconnaissent que ce changement radical dans les acquisitions liées à la défense risque de faire freiner davantage la modernisation du secteur militaro-industriel, surtout dans le domaine de l’artillerie.
« Nous sommes déjà en retard en ce qui concerne l’acquisition de plusieurs types d’armements. Nous devons en acheter à l’étranger, et réorienter ensuite le système des achats sur le marché intérieur », cite Defencenews.in le point de vue d’un porte-parole des Forces armées indiennes.
L'un des moyens pour sortir de cette situation pourrait être le développement de la coopération militaro-technique avec la Russie. Ce programme « d’indianisation » des livraisons d’armes aux forces armées de l’Inde sous-entend un refus progressif d’acheter ces armes à l’étranger, et d’acquérir à la place les technologies de fabrication de ces armes. Le Russie est dans ce domaine un leader incontestable. Alors que ses concurrents sont à peine en train de s’habituer aux réalités nouvelles de ce marché, les Russes possèdent déjà des exemples d’une coopération similaire. Il s’agit notamment des missiles supersoniques de croisière BrahMos, du chasseur de cinquième génération, et de l'avion de transport régional.
En février à New Delhi, le stand de la Russie était le plus grand parmi tous les participants étrangers à l'Exposition internationale militaire Defexpo-2014. La Russie est prête à offrir à l'Inde des hélicoptères légers Ka-226, le système d'artillerie moderne MSTA, mais aussi le lance-roquettes Smerch, une fabrication conjointe avec l’Inde. Selon le premier directeur adjoint de la société d’exportation d’armement russe Rosoboronexport Ivan Gontcharenko, l’Inde a mis l’accent sur la création de coentreprises, la production sous licence et la transmission des technologies. Pour la Russie, une telle approche correspond à la tendance générale dans les relations bilatérales entre Moscou et New Dehli. N