Les journalistes russes ayant visité la Crimée se voient interdire l'entrée en Ukraine, rapportent les médias russes.
Selon Marianna Maksimovskaïa, rédactrice en chef adjointe et présentatrice de la chaîne de télévision russe Ren TV, plusieurs équipes de Ren TV, des journalistes du quotidien Rossiïskaïa Gazeta et du magazine Nedelia ont été interdits d'accès en Ukraine.
Un journaliste de Nedelia, Roman Souper, et un cameraman ont été expulsés mercredi dernier d'Odessa. Ils ne pourront pas revenir en Ukraine pendant deux ans. "Ce n'était pas le premier cas. Des journalistes de Nedelia ont été expulsés de plusieurs villes ukrainiennes à trois reprises", a précisé Mme Maksimovskaïa.
La semaine dernière, un cameraman de Ren TV, Oleg Dergatch, s'est vu interdire d'entrer à Kiev et de visiter l'Ukraine pendant deux ans. Le journaliste de Ren TV Viatcheslav Gouz et le cameraman Viktor Mouzalevski ont été expulsés de Donetsk.
"Les gardes-frontières ukrainiens agissent toujours de la même manière. Les équipes de journalistes russes arrivent au contrôle des passeports sans cacher leurs équipements, sans essayer de pénétrer en Ukraine sous faux prétextes. Ils déclarent ouvertement qu'ils travaillent pour une telle ou telle chaîne de télévision et qu'il s'agit d'une visite professionnelle. Les gardes-frontières contrôlent les passeports, trouvent des cachets apposés lors du franchissement de la frontière en Crimée (...) et interdisent l'entrée aux journalistes", a précisé Mme Maksimovskaïa.
La semaine dernière, le commentateur politique du quotidien Rossiïskaïa Gazeta Igor Elkov et le photographe Konstantin Zavrajine n'ont pas pu couvrir un congrès du "Parti des régions" ukrainien, d'après le rédacteur en chef de ce journal, Vladislav Fronine. Les deux journalistes munis de papiers nécessaires ont été soumis à un interrogatoire nocturne de plusieurs heures à l'aéroport Borispol de Kiev avant d'être renvoyés en Russie avec interdiction de visiter l'Ukraine pendant deux ans.
Mme Maksimovskaïa a annoncé son intention d'envoyer un courriel au premier ministre ukrainien par intérim Alexandre Iatseniouk pour informer les nouveaux dirigeants ukrainiens de cette situation. Chaque pays "a le droit d'expulser une personne sans en préciser les raisons. Mais je considère que c'est très dangereux dans la situation actuelle. Si les autorités ukrainiennes pouvaient renoncer à cette pratique, cela profiterait à tout le monde - aux spectateurs russes et aux autorités ukrainiennes", a conclu Mme Maksimovskaïa.
Un changement de pouvoir ayant toutes les caractéristiques d'un coup d'Etat s'est produit en Ukraine le 22 février dernier. La Rada suprême (parlement) a destitué le président Viktor Ianoukovitch, réformé la constitution et fixé l'élection présidentielle au 25 mai. Moscou conteste la légitimité des nouvelles autorités du pays.
La république autonome de Crimée a refusé de reconnaître les nouvelles autorités ukrainiennes. Elle a proclamé son indépendance vis-à-vis de l'Ukraine et sa réunification avec la Russie au terme d'un référendum tenu le 16 mars, lors duquel 96,7% des habitants de la péninsule ont appuyé cette décision. La Russie et la Crimée ont signé le 18 mars dernier le traité sur le rattachement de la république de Crimée et de la ville de Sébastopol à la Fédération de Russie.