La croissance économique mondiale en 2013 a atteint 2,1%, son taux le plus bas depuis le début de la crise financière. Selon les experts de l'Onu et du FMI, il ne serait pas possible d'atteindre les indices de 2007 avant 2015, écrit mercredi le quotidien Kommersant.
Le pessimisme des experts s'explique par le taux de chômage élevé dans les pays de la zone euro, ainsi que la faible croissance des exportations à cause du reflux de capitaux observé dans les pays émergents.
Les auteurs de la récente recherche sur les perspectives du développement économique mondial, World Economic Situation and Prospects (WESP), prédisent une accélération de la croissance jusqu'à 3% en 2014 et jusqu'à 3,3% en 2015. Le FMI, qui a publié hier ses propres prévisions économiques à court terme, est plus optimiste : les experts du Fonds s’attendent à une hausse de la croissance économique mondiale de 3 à 3,7% en 2014, et jusqu'à 3,9% en 2015.
Selon le WESP, le principal obstacle à l'accélération de la croissance reste la faible activité des acteurs du commerce mondial. Les importations aux USA et en UE sont encore plus basses qu’avant la crise, restreignant les exportations provenant des économies émergentes, avant tout les Brics. Ainsi, la croissance économique moyenne de ces pays pourrait atteindre 5,6% (7,5% pour la Chine et 2,9% en Russie) en 2014, ce qui est largement inférieur aux indices d'avant-crise, alors aux alentours de 8% de croissance annuelle du PIB. "On constate un ralentissement alarmant dans les pays émergents", déclare Nariman Behravesh, économiste chez IHS Inc. Selon lui, la contribution des marchés émergents à la croissance mondiale cette année sera à son minimum depuis 2010. Au contraire la croissance des économies développées, notamment des USA, devrait accélérer dans les années à venir selon les experts de l'Onu.
D'après les auteurs du rapport, les principaux risques pour l'économie mondiale sont les conséquences négatives de la fermeture des programmes d'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale américaine – les experts constatent déjà une hausse des taux de prêt à long terme et une augmentation des taux d'intérêt des emprunts extérieurs pour les pays émergents. Selon l'Onu, l'afflux de capitaux dans les économies en croissance rapide, provoqué par la baisse significative des taux d'intérêt et la chute de croissance dans les pays développés, s'est élevé à 85% entre 2008 et 2012. En 2013 cependant, ces investissements ont diminué de 12%. D'autre part, l'Onu craint une faible inflation qui pourrait mener vers la déflation, compliquant alors la sortie de crise pour les pays de la zone euro.
Bien que le FMI mette en garde contre les risques de déflation, tous les experts ne partagent pas ces craintes. L'augmentation des prix au-delà des 2% prévus en cas de maintien des bas taux d'intérêts pourrait également se produire aux USA, prédisent les analystes d'ING Bank.
En outre, à l'heure actuelle, la relance de la consommation nécessaire à l'accélération de la croissance est empêchée par le taux de chômage élevé qui, selon les experts de l'Organisation internationale du travail (OIT), se trouve à son point culminant – de l'ordre de 6% en moyenne dans le monde et jusqu'à 27% dans certains pays de l'Union européenne. "Beaucoup de secteurs restent rentables mais les bénéfices ne servent pas à développer la production ou à créer des emplois. Ils sont investis sur les marchés boursiers", déplorent les experts de l'OIT. Les experts de l'Onu appellent les gouvernements à investir dans la réorientation du personnel et dans les emplois des jeunes.