A la surprise générale le président géorgien Mikhaïl Saakachvili s'est envolé vers Bruxelles accompagné par le maire de Tbilissi Guigui Ougoulava, écrit mercredi le quotidien Izvestia.
Les services de presse du président et du maire ont brièvement annoncé qu'ils devaient rencontrer les dirigeants de l'UE, notamment le président de la Commission européenne
José Manuel Barroso. Ces communiqués officiels ont été publiés seulement après que Saakachvili et d'Ougoulava ont été aperçus à l'aéroport par les caméras de la chaîne indépendante Maestro.
Le ministère des Affaires étrangères (MAE) n'a pas participé à la préparation de ce voyage et en a été informé après coup par les diplomates géorgiens en poste en Belgique. Les médias et les analystes de Tbilissi sont persuadés que Saakachvili cherche des garanties de sécurité en dehors de la Géorgie et ne limitera pas son séjour à Bruxelles.
Petre Mamradze, directeur de l'Institut géorgien de gestion stratégique, a dirigé pendant 13 ans la chancellerie de l'Etat et du gouvernement. Il pense que Saakachvili a "paniqué et fui à l'étranger par crainte de poursuites judiciaires dans son pays". Selon l'expert, il est notable qu'à la présidentielle du 27 octobre Saakachvili se soit rendu au bureau de vote sans son épouse – la Néerlandaise Sandra Roelofs. Sans entrer dans les détails le président avait déclaré aux journalistes que sa famille était "en vacances".
"Je pense que Saakachvili reviendra mais qu’il quittera la Géorgie après l'investiture du nouveau président, le 17 novembre, quand il ne disposera plus de l'immunité. Il ira très probablement aux USA et pour longtemps", estime Petre Mamradze.
"Le président reviendra à Tbilissi en fin de semaine. Il a des réunions prévues avec les dirigeants de l'UE", a déclaré un représentant de l'administration de Saakachvili. D'après lui, Roelofs et son fils cadet Nikoloz sont "en vacances" chez leurs proches aux Pays-Bas. Le fils aîné Edouard est parti plus tôt pour faire ses études aux USA.
"Nous entendrons bientôt une cascade d'accusations contre Saakachvili. Il devra répondre à beaucoup de questions, notamment sur les circonstances de la mort mystérieuse du premier ministre Zourab Jvania en 2005", affirme Gueorgui Khaïndrava, ancien ministre d'Etat.
Selon lui, les protecteurs étrangers ne viendront pas en aide à Saakachvili, d'autant que l'ex-premier ministre Ivane Merabichvili et l'ex-ministre de la Défense et de l'Intérieur
Batchana Akhalaïa, actuellement en détention, témoigneront bientôt contre lui.
Saakachvili s'est envolé pour Bruxelles immédiatement après son dernier discours télévisé en tant que président, au palais d'Avlabari.
"Je ne cesserai pas de travailler ni de lutter où que je sois", a déclaré le président.
Selon lui, il est quand même temps pour le peuple géorgien de "se reposer de lui". Saakachvili a dit adieu à son appartement payé par l'Etat et a déménagé dans son propre logement. Accompagné de journalistes il leur a montré qu'il n'avait acquis aucune richesse lors de sa présidence.
Toutefois Saakachvili a presque entièrement dépensé le fonds présidentiel, d'environ 3 millions de dollars, en quittant son poste.
"Nous n'en doutions pas. Il n'y reste plus que 3 000 dollars", a déclaré David Narmania, ministre du Développement régional et de l'Infrastructure.
Maïa Panjikidze, ministre des Affaires étrangères, a annoncé que ni Saakachvili ni aucun autre représentant de l'ancien gouvernement ne ferait partie de la délégation présente au sommet de Vilnius fin novembre, où Tbilissi paraphera un accord d'association avec l’UE. Saakachvili rêvait de terminer son mandat présidentiel par ce forum.