Encore un échec pour le missile Boulava. Cette fois il n'était même pas censé être testé : c'est le système de contrôle embarqué sur le sous-marin qui était à l'essai. Quelle est donc la différence entre les échecs antérieurs et le dysfonctionnement récent?
Le ministre prescrit cinq nouveaux lancements à Boulava
Le missile avait été lancé avec succès en mer Blanche à partir du sous-marin Alexandre Nevski. A la deuxième minute de vol il a pourtant plongé dans l'océan Arctique suite à une défaillance.
Samedi dernier, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a suspendu les essais des SNLE du projet 955 Alexandre Nevski et Vladimir Monomakh, annonçant une série de cinq lancements d'essai supplémentaires afin de vérifier ses performances.
Selon la presse, le missile "naufragé" n'était pas doté d'équipements télémétriques, ce qui compliquera significativement l’inspection suite à cette défaillance.
Des échecs antérieurs logiques
Le missile Boulava est tombé à de nombreuses reprises mais de manière presque logique vu ses prédécesseurs et les conditions dans lesquelles il est apparu.
Tout d’abord le principal concepteur - l'Institut de technologie thermique de Moscou - n'avait jamais travaillé sur des missiles navals auparavant. Deuxièmement depuis l'époque postsoviétique l'argent manque cruellement pour la recherche, le personnel fuit le secteur, la base technologique et technique se dégrade et l'industrie est au bord de l’infarctus.
Le cas présent est particulier sur ce plan car il ne s'agissait pas d’un essai du missile lui-même mais des systèmes de contrôle du sous-marin qui servent au lancement réel d'un missile de série. Le mot-clé, ici, est "en série".
Pourquoi ? Car c’est pour ça que le missile Boulava n'était pas muni d'équipements télémétriques pendant l’essai. Personne n'avait apparemment l'intention de tester le missile lui-même. Après tout, il faisait déjà partie de l'inventaire de service.
La décision du ministre de la Défense de suspendre les essais des sous-marins du projet 955 et de procéder à cinq nouveaux lancements d'essai du missile Boulava est sévère mais logique.
A moyen terme, le missile Boulava sera un élément clé de la triade nucléaire balistique et les incidents comme sur Alexandre Nevski pourraient provoquer beaucoup de migraines à certains.
Quel était le problème cette fois?
Cette fois, le problème n’était probablement pas la munition en soi mais le contrôle-qualité sur les "jointures de coopération", c’est-à-dire que l'un des sous-traitants ou des producteurs des matériaux de base a commis une erreur. Dans ce cas cela ne serait pas la première défaillance du missile Boulava en raison de composants de mauvaise qualité. Ou l'affaire cloche peut-être dans les erreurs de montage.
Une erreur a pu être commise de deux manières: inconsciemment et sciemment. Dans le premier cas, tout est clair : il s’agit d’un manque d'attention.
Dans le second, c'est plus intéressant: un élément avec des exigences de stabilité élevées aurait été remplacé par un analogue moins cher qui ne répond pas aux performances techniques exigées.
Ce genre de cas était très fréquent dans l'industrie russe. Et on voudrait savoir ce qui s'est produit cette fois. On peine à comprendre une telle négligence dans la conception d'un missile nucléaire stratégique.
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction