Le thème d’Adward Snowden qui semblait reculer dans les médias américains, est remonté vendredi au rang des sujets d’actualité. Les chaînes américaines ont diffusé des images de la rencontre de Snowden avec les défenseurs russes des droits de l’homme, alors que les experts y allaient de leurs versions en cherchant à expliquer pourquoi l’ex-employé de la CIA avait enfin décidé de rompre le silence et la claustration dans la zone de transit de Cheremetievo.
La plupart des analystes américains s’accordent à penser qu’il s’agit d’un geste de désespoir. Il s’est heurté au refus de la majorité des pays à qui il a demandé asile. Les pays d’Amérique Latine qui sont prêts à l’accueillir semblent être quasiment inaccessibles il ne peut pas rester indéfiniment dans l’aéroport. Voici le commentaire donné par l’ex-directeur adjoint de la FBI Jonh Miller dans son interview à la chaîne CBS :
« Il est évident maintenant que plus Edward Snowden perd son temps en tentatives de trouver asile, plus sa tâche se complique. En effet, les États-Unis remuent le ciel et la terre – le vice-président Biden appelle les leaders du monde et les présidents des pays d’Amérique Latine et les diplomates du Département d’État expliquent urbi et orbi quel pourrait être le prix d’octroi d’asile politique à Snowden. Il est tout simplement coincé et c’est la tentative de sortir du piège par les défenseurs des droits de l’homme interposés ».
Les commentaires officiels sont très laconiques. La Maison Blanche s’est bornée à dire que le thème de Snowden a été évoqué au cours de l’entretien téléphonique entre Barack Obama et Vladimir Poutine sans pour autant en dévoiler les détails. A son tour, le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney s’est limité aux phrases générales lors d’un point de presse :
« Notre position est bien connue : Monsieur Snowden est inculpé du crime et doit rentrer aux États-Unis pour comparaître devant la justice. Nous sommes en négociations avec de nombreux pays y compris la Russie et peu importe l’étape suivante de sa cavale. Je dois relever cependant que le fait d’accorder une tribune à Snowden va à l’encontre des déclaration antérieures sur la neutralité de Moscou et les affirmations que les autorités ne peuvent pas l’empêcher de rester dans la zone de transit de l’aéroport. Cela jure également avec les assurances données par la Russie que Snowden ne ferait pas de tort aux États-Unis. Je dois dire en même temps que cette situation ne doit pas porter préjudice aux relations entre nos deux pays ».
Les experts américains se montrent assez prudents dans leurs prévisions sur l’évolution de la situation. Si les uns estiment que Moscou préférerait se débarrasser du gêneur en la personne de Snowden, les autres n’excluent qu’en lui octroyant le droit d’asile, la Russie répond à l’élargissement éventuel de la « liste Magnitski » évoqué jeudi par le porte-parole du Département d’État Victoria Nuland. Les États-Unis privilégient en plus la version selon laquelle les services de renseignement russes veulent avoir accès aux documents confidentiels que Snowden avait volés à leurs collègues américains. Écoutez le commentaire de Marc Stout, ancien analyste de la CIA en charge de la Russie, dans son interview accordée a la chaîne CNN :
« Techniquement, pour ce faire, les services de renseignement russes n’ont besoin que de quelques minutes s’ils accédaient au disque dur de son ordinateur. Mieux encore, il peuvent parfaitement se passer du concours de Snowden. Certes, les fichiers peuvent être cryptés mais, après les avoir copiés, les services russes auront tout le loisir de les décrypter ».
Tout le monde attend actuellement aux États-Unis la réaction officielle des autorités russes. D’ailleurs, le thème des aventures de Snowden en Russie a fini par lasser. D’autre part, le fait que l’informaticien se déclare prêt à se rendre au Venezuela, au Nicaragua ou en Bolivie qui sont loin loin d’être les modèles de démocratie pour les États-Unis, ternit aux yeux d’opinion son image de défenseur des droits des citoyens. N