Mécontent du partenariat défavorable avec la compagnie américaine Delta, Aeroflot, son partenaire au sein de SkyTeam, veut claquer la porte de l’alliance et se tourner vers son concurrent, Star Alliance. Delta propose à Aeroflot des tarifs deux fois plus chers pour les vols à l’intérieur des Etats-Unis, en comparaison avec les autres compagnies. Selon le quotidien russe Kommersant, cette décision de Delta est motivée par la volonté d’attirer un plus grand nombre de passagers sur ses vols transatlantiques, ce qui empêche Aeroflot de développer son réseau pour cette destination.
Cependant, le concurrent de Delta, la compagnie United Airlines, membre de Star Alliance, propose à Aeroflot des conditions beaucoup plus intéressantes. Star Alliance (26% du trafic aérien commercial dans le monde), la plus grande alliance commerciale aérienne, compte en tout 27 membres, dont Lufthansa, Turkish Airlines, Air China ou encore le transporteur scandinave SAS. Actuellement, elle n’a pas de partenaires commerciaux en Russie.
L’alliance SkyTeam (19 compagnies, 19,3% du trafic aérien mondial), dont Aeroflot fait partie depuis 2004, se trouve dans l’impossibilité de proposer des prix inférieurs à ceux que facturent ses autres membres. En outre, selon la direction d’Aeroflot, le transporteur russe a intégré SkyTeam à des conditions qui lui sont défavorables. La compagnie paie des franchises trop élevées pour les billets que ses clients peuvent acheter grâce aux programmes de fidélisation.
Selon Aeroflot, le départ de SkyTeam, qui compte parmi ses membres Air France-KLM, AeroMexico, ou encore Alitalia, pourrait coûter à la compagnie russe 20 millions de dollars. Mais cette décision sera politique, et non pas commerciale. « C’est au gouvernement russe d’en décider, car c’est lui le principal actionnaire », a indiqué un membre de la direction d’Aeroflot à l’agence Interfax.
Coup dur pour Air France-KLM et possible renforcement de Lufthansa
Si Aeroflot décide de quitter SkyTeam pour rejoindre Star Alliance, cela empêchera le développement du transporteur franco-néerlandais Air France-KLM sur le marché russe.
Rappelons qu’Aeroflot a négocié son entrée dans SkyTeam en 2004 avec Air France, le leader de l’alliance ayant refusé à l’époque la collaboration avec Lufthansa. Aeroflot espérait obtenir de son entrée dans SkyTeam un bénéfice de 20 millions de dollars par an mais la réalité s’est avérée toute autre. A ce jour, la collaboration entre Aeroflot et Air France-KLM reste limitée, la compagnie franco-néerlandaise se limitant principalement aux vols France-Pays-Bas-Russie, et assurant très peu de vols entre Moscou et d’autres villes en Russie.
Quant à Star Alliance, dont Lufthansa est le leader, son partenariat avec Aeroflot pourrait être plus prometteur, selon certains analystes russes. Le transporteur allemand dessert de nombreuses destinations en Russie et en Europe Centrale formant avec Austrian Airlines, LOT et Turkish Airlines, une alliance solide qui priverait Air France l’accès à ce marché.
La troisième grande alliance aérienne, Oneworld (12 compagnies, 14% de parts de marché), dont les principaux membres sont British Airways, Iberia et American Airlines, possède déjà un partenaire russe : la compagnie sibérienne S7.
La direction d’Aeroflot est également en train d’envisager un troisième scénario : sortir de SkyTeam et ne faire partie d’aucune autre alliance. Car la collaboration directe avec certaines compagnies aériennes apporterait au transporteur russe plus d’avantages commerciaux à court terme.
Selon les experts, avec la crise, le modèle économique des compagnies aériennes a changé. Au lieu d’entrer dans l’une des trois alliances, un plus grand nombre d’entre elles signe aujourd’hui des accords bilatéraux de partenariat ou investissent directement dans le capital du partenaire. N