Pyongyang et Séoul n'entreront pas en guerre (PAPIER GENERAL)

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Début mars, en signe de protestation contre les exercices conjoints des Etats-Unis et de la Corée du Sud, Pyongyang a renoncé à tous ses accords de non-agression et de dénucléarisation conclus avec son voisin. Tout de même, les deux Corées n'iront pas jusqu'à la guerre bien que des conflits locaux soient possibles.

Début mars, en signe de protestation contre les exercices conjoints des Etats-Unis et de la Corée du Sud, Pyongyang a renoncé à tous ses accords de non-agression et de dénucléarisation conclus avec son voisin. Tout de même, les deux Corées n'iront pas jusqu'à la guerre bien que des conflits locaux soient possibles.

La Corée du Nord a annoncé mardi qu'elle comptait remettre en service le réacteur du centre nucléaire de Yongbyon, arrêté en 2007. Les experts russes ont qualifié ces déclarations de "chantage visant à intimider les pays occidentaux".

Une chance existe

Moscou pense qu'il est encore possible de négocier avec la Corée du Nord sur son programme nucléaire. Mais certains pays devront cesser de profiter de la situation dans la région. "Il faut cesser toute rhétorique, renoncer à toute action pouvant aggraver la tension", a déclaré aux journalistes Grigori Logvinov, ambassadeur russe itinérant.

Pyongyang a déclaré le 30 mars que les relations entre les deux Corées étaient passées à "l'état de guerre" et qu'il agirait en conformité avec les lois idoines en cas de "provocations" hostiles, qui pourraient dégénérer en conflit "à part entière", voire "nucléaire". Le communiqué précise que dans ce cas, la Corée du Nord attaquerait les bases américaines d’Hawaï et de Guam en Corée du Sud, ainsi que les bases sud-coréennes et la résidence présidentielle de Séoul.

Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, les Etats-Unis ont envoyé en Corée du Sud deux chasseurs F-22 Raptor, qui participeront aux exercices américano-sud-coréens Foal Eagle.

L'AFP a rapporté le 2 avril que les USA avaient déployé au large des côtes sud-coréennes leur destroyer USS Fitzgerald, équipé du système polyvalent de combat Aegis, capable d'intercepter des missiles.

Selon le diplomate russe, "le pire serait de s'enliser dans des querelles pour savoir qui a tort ou raison". "Il est primordial d'empêcher un scénario militaire sur la péninsule et de maintenir la situation dans un cadre politique et diplomatique".

Il doute que l’une des deux Corée aille jusqu'à déclencher une guerre mais des conflits locaux restent possibles. "L'important, c'est d'empêcher que cette guerre des nerfs dégénère en guerre tout court", ajoute le diplomate.

Pyongyang fait du chantage à l'Occident

L'agence de presse nord-coréenne KCNA rapportait mardi que la Corée du Nord comptait relancer le réacteur du centre nucléaire de Yongbyon, arrêté en 2007.

Les experts russes estiment que ces déclarations ne sont qu'une nouvelle tentative d'intimider les Etats-Unis et la Corée du Sud car le redémarrage du réacteur prendra beaucoup de temps.

"Kim Jong Un poursuit sa campagne de propagande lancée pour intimider et effrayer l'Occident - avant tout la Corée du Sud et les Etats-Unis. Cette déclaration cherche à intimider ses adversaires par la reprise du programme nucléaire et la production d'armement nucléaire. Lorsque les Nord-Сoréens veulent faire quelque chose dans le secret, le monde extérieur l'apprend après – comme c'était le cas avec l'usine d'enrichissement d'uranium", déclare Gueorgui Toloraïa, directeur des programmes coréens au sein de l'Institut d'économie de l'Académie des sciences de Russie.

D'après l'expert, le réacteur de Yongbyon a plus de 30 ans et est très obsolète. C’est pourquoi la Corée du Nord n'a pas beaucoup regretté sa fermeture. "Il était dans un état délabré depuis cinq ans. Pour cette raison, il serait probablement plus simple d'en construire un nouveau au lieu de remettre en état l'ancien. Quoi qu'il en soit cela demandera beaucoup de temps. Ces déclarations ne sont qu'un signal sous-entendant qu'il vaut mieux trouver un terrain d'entente avec la Corée du Nord. Sinon, le secteur nucléaire poursuivra son développement", ajoute Gueorgui Toloraïa.

Professeur à l'Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO) et membre du Centre de désarmement de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de Moscou (IMEMO), Sergueï Oznobichtchev pense que les grandes déclarations de la Corée du Nord sont "souvent du bluff car personne ne peut les vérifier".

Les autorités nord-coréennes veulent seulement obtenir des préférences politiques de la part des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés.

"Leur seul objectif est de porter à ébullition toute la situation pour obtenir, ensuite, des privilèges ou des bonus. Il est crucial d'obtenir des garanties que le régime nord-coréen ne sera pas renversé par la force", déclare Sergueï Oznobichtchev.

Une puissance nucléaire

La Corée du Nord s'est proclamée puissance nucléaire en 2005 avant de mener en 2006, en 2009 et en 2012 des essais nucléaires souterrains, provoquant les protestations de la communauté internationale. Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté des résolutions exigeant de la Corée du Nord de cesser son activité nucléaire. Fin novembre 2010, Pyongyang a confirmé officiellement l'expansion de son programme nucléaire, en annonçant plusieurs milliers de centrifugeuses actives sur le site de production d'uranium enrichi de Yongbyon. Les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont suivi l'activité de Yongbyon jusqu'en avril 2009, lorsque la Corée du Nord a suspendu la coopération avec l'agence et a expulsé ses spécialistes.

Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté plusieurs résolutions condamnant le lancement d'une fusée avec un satellite nord-coréen le 12 décembre 2012, qui pourrait être dotée d'une ogive nucléaire, et le troisième essai nucléaire effectué le 12 février 2013. Les résolutions de l'Onu contre Pyongyang permettent de bloquer les transactions bancaires, geler les comptes de la Corée du Nord, fouiller les avions et les navires, ainsi que les diplomates nord-coréens - à la recherche d'importantes sommes d'argent en liquide, soupçonnant qu'elles soient utilisées pour le développement du programme nucléaire et balistique de Pyongyang.

Le Conseil de sécurité a également interdit la livraison d’objets de luxe en Corée du Nord, y compris les yachts et les voitures de sport.

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