La discussion sur la création en Russie de prisons privées dure depuis les 15 dernières années. Et dans une déclaration qui a fait sensation, Gennady Kornienko a annoncé « des changements positifs dans le projet de création de prisons privées ». Grâce à ce programme, « on peut réaliser les projets prévus par la conception du développement du système d’exécution des peines », a souligné le chef du département. A l’heure actuelle on ne saurait qualifier de confortables les conditions de détention. Et le principal obstacle au changement de cette situation réside, selon les experts, dans le cliché enraciné dans la mentalité de la société : « La prison n’est pas une station balnéaire, mais un lieu où l’on doit se sentir mal ». Donc, les idées de quelques faveurs, et surtout des institutions pénitentiaires privées étaient auparavant perçues avec réticence. Maintenant il y a, en effet, un certain progrès dans la conscience sociale. Cependant, d’après Boris Altschuler, président du conseil d'administration de l'association régionale « Droit de l'enfant », membre de la Chambre civile de Russie, il est nécessaire d'abord de résoudre le problème principal, à savoir le contrôle indépendant des prisons publiques.
« Si on réussit à organiser une surveillance indépendante, un contrôle des prisons publiques et privées, alors il n'y aura pas d’abus, ou de conditions privilégiées. Et la question du contrôle indépendant est un grand rêve de la Russie depuis longtemps. Jamais en Russie on n’avait réussi à établir de contrôle indépendant. Et c’est justement notre problème essentiel. La question du contrôle est à un problème à part. Et les prisons privées, c’est, en principe, une bonne chose, sous réserve que les règles soient dures ».
Comment sera organisé le travail des institutions pénitentiaires privées, on ne peut quye faire des conjectures. Il y a deux ans, le vice-président du Conseil de la fédération Alexandre Torchine a proposé aux riches investisseurs de prendre en charge les dépenses de construction des prisons privées ; ils embaucheraient ensuite eux-mêmes les gardiens le personnel. Et le propriétaire d'une telle prison recevrait de l'État des ressources pour l’entretien de chaque détenu. Selon le projet de Torchine, le séjour d'un détenu couterait à l'État environ 400 roubles par jour. Les experts estiment que des conditions normales de vie dans les prisons privées et un salaire réel permettront aux détenus de quitter la prison sans être traumatisés, adaptés à la vie en liberté. Cela réduira le risque de récidive au minimum. La création de prisons privées doit résoudre aussi le problème du chômage dans les établissements de privation de liberté.
Les études montrent que l’existence de prisons privées dans un pays provoque une croissance du nombre des détenus. À quoi cela est-il dû ? Tout est très simple. Dans le contrat, on place le nombre éventuel de détenus dans telle ou telle prison. Par exemple, mille personnes, et l'État, sur cette base, assigne les ressources nécessaires à leur entretien en détention. Si soudain dans cette prison - cette année ou l’année suivante - le nombre de détenus diminue, cela risque de provoquer un scandale, parce que l'État a déjà dépensé l'argent, l’a viré sur le compte de la compagnie privée et ne peut pas le reprendre.
D’après l’expérience des autres pays, une des plus importantes conditions de la réussite du projet, c’est la présence de mécanismes de lutte contre la corruption, et ce n’est que si les mécanismes anti-corruption sont efficaces que les prisons privées peuvent fonctionner normalement. On sera alors sûr que le système pénitentiaire privé ne se transformera pas en business lucratif.
Probablement, la création des prisons privées deviendra un des principaux maillons de la chaîne des réformes visant l'humanisation du système d’exécution des peines en Russie. T
