L'adoption de la loi Magnitski par les Etats-Unis peut obliger la Russie de geler les activités de plusieurs groupes de travail de la Commission présidentielle russo-américaine, a rapporté samedi le quotidien russe Kommersant.
"L'adoption de la "loi Magnitski" par Washington peut porter préjudice à la Commission présidentielle russo-américaine", notamment en provoquant le gel des activités de plusieurs groupes de travail, a déclaré une source proche de la commission à Kommersant.
Mise en place en 2009 par les présidents américain et russe de l'époque, Barack Obama et Dmitri Medvedev, la Commission présidentielle comprend plus d'une vingtaine de groupes de travail chargés d'encourager la coopération entre la Russie et les Etats-Unis dans la lutte anti-terroriste et anti-drogue, la sécurité nucléaire, l'énergie, la science et les technologies.
La commission compte en outre un groupe de travail pour la société civile, coprésidée initialement par Michael McFaul, chargé de la Russie au Conseil national de sécurité, actuellement l'ambassadeur des Etats-Unis en Russie, Vladislav Sourkov, chef-adjoint de l'administration présidentielle russe. En janvier 2012, ces deux coprésidents ont cédé leurs places aux diplomates russe et américain, Konstantin Dolgov et Thomas Melia. Selon Kommersant, le fonctionnement de ce groupe est mis en question par l'adoption de la "loi Magnitski".
D'ailleurs, "ce groupe n'a pas été très efficace ces derniers temps. Toutes les récentes manifestations du groupe se sont déroulées sur l'initiative russe", a estimé Pavel Astakhov, délégué russe aux droits des enfants et membre du groupe de travail russo-américain. Geler ses activités "serait l'une des réponses commodes à Washington", selon M.Astakhov.
"Il est grand temps de fermer cette boutique", a déclaré Lev Ponomarev, directeur exécutif du mouvement russe "Pour les droits de l'homme", à Kommersant.
Adoptée jeudi par le sénat américain, la "loi Magnitski" prévoit des sanctions contre les fonctionnaires russes qui, selon Washington, violent les droits de l'homme. La loi pourrait notamment concerner les officiels russes que Washington soupçonne d'être impliqués dans la mort de Sergueï Magnitski, juriste du fonds d'investissement britannique Hermitage Capital décédé dans une prison de Moscou le 16 novembre 2009 faute d'avoir reçu des soins médicaux.
La loi interdit aux intéressés l'entrée aux Etats-Unis et bloque leurs avoirs dans les banques américaines.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré jeudi que Moscou interdirait l'entrée en Russie aux Américains coupables de violations des droits de l'Homme en riposte à l'adoption par le Sénat américain de la "loi Magnitski".