Les autorités françaises ne projettent pas d'adopter de "liste Magnitski", à l'instar des Etats-Unis, rapporte lundi le quotidien russe Rossiiskaïa gazeta citant l'ambassadeur de France en Russie Jean de Gliniasty.
"Il existe une liste noire adoptée par certains pays, avant tout les Etats-Unis. A ce que je sache, rien de ce genre n'est prévu en France", a assuré l'ambassadeur. La semaine dernière, la chambre des représentants du Congrès américain avait approuvé des sanctions en matière de visas contre certains hauts fonctionnaires russes qui seraient impliqués dans la mort de l'avocat Sergueï Magnitski, lors de sa détention provisoire à Moscou en 2009. Ce projet de loi doit encore être examiné par le Sénat et signé par le président américain Barack Obama avant d'entrer en vigueur.
Sur fond de campagne retentissante à Washington, Bruxelles s'est empressé d'exprimer sa solidarité. Il y a un mois, le Parlement européen adoptait une résolution recommandant fortement aux pays de l'UE d'adopter la "liste Magnitski", qui prive de séjour les suspects là où la loi est votée. L'ambassadeur français a commenté cette résolution de façon très diplomatique: "Les questions portant sur le régime de visas relèvent de la compétence des Etats souverains, a-t-il expliqué. Bien sûr, il existe des règles communes que nous respectons. Le Parlement européen peut conseiller, recommander, mais il ne prend pas de décisions".
Paris défend une position indépendante dans cette affaire, contrairement à certains autres partenaires européens. Depuis le début de la discussion, en 2011, sur la "liste Magnitski" par les congressistes américains, les Britanniques ont fait des propositions similaires. Ce qui n'est pas vraiment étonnant étant donné les relations complexes entre Londres et Moscou.
Ainsi en septembre, l'hebdomadaire Sunday Times évoquait une lettre adressée à un député britannique, dans laquelle un membre du gouvernement partageait des détails curieux. Les diplomates britanniques à Moscou auraient reçu la consigne de refuser de délivrer des visas à 60 hauts fonctionnaires russes. Toutefois, Londres a rapidement réfuté cette information. En réponse à une requête de l'ambassade de Russie, le MAE britannique a déclaré que le "gouvernement n'avait adopté aucune restriction en matière de visas et qu'aucune décision politique n'avait été prise".