La version russe de l'encyclopédie en ligne Wikipedia a suspendu mardi ses services en signe de protestation contre un projet de loi visant à réguler les contenus sur Internet, qui sera examiné mercredi par le parlement national.
Selon les auteurs du projet, il vise les sites faisant l'apologie de la drogue, du suicide et de la pornographie infantile. Aux termes du document, les sites soupçonnés de diffuser des informations illicites et dangereuses pour les mineurs pourront être bloqués sans décision judiciaire par un "organe de surveillance" qui reste à définir. En revanche, un tel blocage ne pourra être contesté que devant la justice.
Selon le chef du Wikipedia russe Vladimir Medeïko, les critères de "légalité" établis dans le projet de loi sont très flous et peuvent être interprétés de façon abusive.
"Nous craignons que l'adoption d'une telle loi ne débouche sur une montée de la concurrence malsaine: il suffira à un malfaiteur de publier du contenu illicite sur le site de son concurrent et de porter plainte pour que ce site soit bloqué. En plus, ce document est susceptible d'accroître le risque de censure de l'Internet russe", a expliqué M.Medeïko.
Vendredi 6 juillet, la Douma (chambre basse du parlement russe) a approuvé la loi controversée en première lecture. La deuxième lecture du document est prévue mercredi 11 juillet.
Les protestations de Wikipedia ont été soutenues par un nombre de grandes sociétés internet russes, dont le moteur de recherche Yandex, le bureau russe de Google, le réseau social Vkontakte (analogue russe de Facebook) et la très populaire plateforme de blogs LiveJournal.
"LiveJournal juge inadmissible toute restriction de la liberté d'expression et d'information sur Internet. Cependant, la pratique d'application des lois en Russie laisse augurer le pire scénario possible", a indiqué le service de presse de LiveJournal.
Dans le même temps, le chef de la sous-commission parlementaire pour la politique d'information Sergueï Jelezniak (Russie unie) a qualifié les préoccupations de Wikipedia d'"absolument infondées". D'après lui, si Wikipedia ne se livre à la propagande de la pornographie infantile ou aux incitations au suicide, "il n'y a aucune raison pour eux de s'inquiéter".