11 croisières vers l'Arctique, sept navires de trois pays et 865 touristes des différents coins de la planète - tels sont les résultats de la première saison de l’ouverture aux touristes de cette zone protégée, la plus septentrionale de l'Eurasie.
Il y a 40 parcs nationaux en Russie, mais " l’Arctique russe " est sans doute le plus étonnant de tous. Créé en juin 2009, ce parc se trouve à 900 kilomètres du pôle Nord, sur la pointe Nord des archipels de la Nouvelle-Zemble et François-Joseph. Depuis de nombreuses années, la région a été fermée aux voyageurs. Les touristes n’ont pu y accéder qu’après le départ des militaires.
Il s’agit d’un parc unique avec une superficie de près d'un demi-million d'hectares, où la population permanente n’existe pas. Le complexe naturel abrite des espèces rares d'animaux, qui sont inscrits sur la Liste rouge mondiale des espèces menacées, notamment la baleine boréale, qui a été presque entièrement détruite au 18ème et 19ème siècles, ainsi que le phoque annelé, ou la mouette du nord. La région est également célèbre pour les plus grandes colonies d'oiseaux du monde, qui sont environ une soixantaine en Arctique, ainsi que des colonies de morses. Par ailleurs, cette région est choisie par les maîtres de l’Arctique, les ourses polaires, pour la naissance et l'éducation des petits.
Les touristes viennent dans le parc national de juin à septembre, lorsque les conditions météorologiques sont les plus favorables pour visiter le Haut-Arctique. 90 % des touristes sont des visiteurs étrangers, originaires de Chine, du Japon, des Etats-Unis, de l'Australie et des pays européens. Le voyage jusqu’ici coûte cher : une croisière de 12 jours revient entre 10 000 et 12 000 dollars pour un touriste. Quant au voyage au pôle Nord avec la visite du parc, il faut compter le double. Les touristes arrivent dans " l’Arctique russe " par la mer depuis les ports du Nord de la Russie – Mourmansk et Arkhangelsk. Malgré le confort des brise-glace et des navires de déglaçage, ce tourisme relève toujours de l'extrême, considère le directeur adjoint du parc national de Viktor Kouznetsov.
« Les conditions sont assez difficiles. Il faut débarquer avec des bateaux en caoutchouc. Et il peut y avoir des conditions de glace différents. Parfois, nous prenons les touristes du rivage, surtout si les ourses blancs apparaissent non loi d’eux. C’était déjà arrivé ».
Les touristes qui ont visité " l’Arctique russe ", repartent plus qu'avec de simples impressions des paysages polaires d’une beauté incroyable et des animaux rares. Ils se sentent un peu comme des pionniers, poursuit Viktor Kouznetsov.
« Lors d’une croisière, nous avons été témoins d’un épisode curieux. Un ours polaire a grimpé sur une falaise pour tenter d’attraper les œufs que les oiseaux couvaient. Une touriste américaine a pris cette scène en photo, et l’image est devenue célèbre en remportant un prix lors d’un concours de photographie, auquel cette touriste a participé ».
Les touristes sont également étonnés par l’originalité de la célèbre île Tchamp, sur laquelle se trouvent des sphérulites – des pierres de forme ronde et de taille différente, qui peuvent aller jusqu’à plusieurs mètres en longueur. Mais outre cette beauté unique, c’est le patrimoine culturel de " l'Arctique russe " qui est également très particulier. On peut y trouver des endroits et des objets liés à l'histoire de la découverte et le développement de ces régions par le Hollandais Barents et les navigateurs russes Sedov et Broussilov.
Pour développer le tourisme maritime dans le parc national, la Russie prévoit d’y créer des points d’appui. Ces points regrouperont notamment des centres d'accueil, des plateformes avec chauffage, des sentiers de randonnée, et des véhicules spéciaux pour se déplacer dans le parc.