Le président estonien Toomas Hendrik Ilves a de nouveau qualifié de "langue des occupants" le russe, parlé par 30% des habitants du pays, dans une interview au journal suisse de langue allemande Der Bund, ont rapporté lundi les médias estoniens.
"Pourquoi le russe doit-il devenir une langue officielle? Et si par exemple nous occupions votre pays et déclarions que l'estonien devait devenir une langue d'Etat cinquante ans plus tard? Les autorités d'occupation prennent le contrôle du pays, déportent des centaines de milliers de gens en Sibérie et envoient leurs agents ici. A présent que nous avons enfin accédé à l'indépendance, la langue des autorités d'occupation doit-elle être la deuxième langue officielle du pays? Ne me posez pas de questions ridicules", a indiqué M.Ilves.
Les Russes ont longtemps été l'ethnie au pouvoir en Estonie, "à présent ils n'ont plus de privilèges et certains le regrettent", a ajouté le président estonien.
En Lettonie voisine, où 44% des 2 millions d'habitants sont russophones, le russe pourrait devenir langue officielle. Début décembre, une pétition a recueilli plus de 183.000 signatures en faveur de l'officialisation du russe, un nombre suffisant pour soumettre un amendement constitutionnel au parlement du pays.
En cas de rejet par les députés, un référendum national aura lieu. Le président letton Andris Berzins a assuré qu'il démissionnerait si le russe devenait seconde langue officielle dans le pays.