Jozef Pilsudski qu’on appelle souvent père de l’indépendance polonaise est une personnalité compliquée au sort étonnant. Il connaît des élans et des chutes. Son nom est tantôt glorifié tantôt passé sous silence. Premier leader de l’Etat polonais restauré, fondateur de l’armée polonaise, maréchal de Pologne, il s’occupe dès qu’il est jeune des activités révolutionnaires socialistes, est en prison, en exil, dans l’émigration.
Pilsudski est prêt à collaborer avec qui que ce soit dans l’intérêt de l’indépendance de la Pologne. Lorsque commence la guerre russo-japonaise, il se rend au Japon en quête de soutien pour soulever une insurrection en Pologne. Or, cette visite ne s’avère pas payante. Selon l’auteur de la biographie russe de Pilsudki Guennadi Matveev, une histoire curieuse se produit au repas d’adieu au Japon dont le futur maréchal se souvient pendant longtemps. Il se voit servir un mets exotique de poisson frais qu’il ne parvient à manger qu’avec plusieurs verres de cognac.
Avant l’apparition d’une Pologne indépendante à l’issue de la Première guerre mondiale et l’écroulement des anciens empires beaucoup d’événements se produisent auxquels participe activement Jozef Pilsudski. Il connaît en cette période des succès et des défaites.
Pilsudski accède en novembre 1918 au commandement de l’armée polonaise et désigne le gouvernement dirigé par Ignatius Paderewski. Quelques jours après Jozef Pilsudski est nommé chef provisoire de l’Etat polonais.
Pilsudski choisit un petit Palais Belvédère sa résidence officielle. Il y prend d’habitude dans une grande salle au rez-de-chaussée son déjeuner vers trois heures de l’après-midi en compagnie des officiers de service. Après 1920 Pilsudski prend de plus en plus souvent ses repas tout seul dans une petite pièce avec un balcon.
Pilsudski n’est pas gourmet mais déteste plusieurs vivres, par exemple les légumes et les fruits bien que ses médecins les lui recommandent instamment. L’adjudant épluche habituellement pour lui une pomme ou une poire, les coupe en petits morceaux et met l’assiette sur la table pour que Pilsudski les mange peu à peu.
En 1923 le maréchal Pilsudski donne sa démission. Il vit maintenant dans sa villa à Sulejówek, près de Varsovie. C’est un havre de paix après des décennies de clandestinité, d’émigration, de prisons et de guerre. Pilsudski se réveille en règle générale à dix heures du matin, prend son petit déjeuner au lit (un verre de thé fort, une brioche au beurre, parfois avec du miel) et lit la presse. Ensuite il s’endort à nouveau jusqu’à midi. Une assiette avec des fruits et des pastilles est toujours à son chevet. A midi il mange son second petit déjeuner, plus copieux. A trois heures de l’après-midi les Pilsudski se mettent à déjeuner. Le maréchal bavarde pendant le repas, raconte des anecdotes ou des épisodes amusants du passé en initiant ses filles à l’histoire.
Pilsudski n’est pas gourmet, mais il ne mange que ce qu’il aime. Fait révélateur : il n’aime en plus des légumes et des fruits, les mets traditionnels de Vilnius où il vit en enfance : le bigos (choucroute cuite à l’étouffée avec de la viande, du jambon et du saucisson et les koldouny (pelmenis lituaniens) ainsi que des soupes.
Pilsudski ne prend pendant la journée que du thé fort, très chaud et très sucré. Il ne boit pratiquement pas de vodka ne se permettant parfois qu’un verre de bon vin hongrois. Pilsudski adore la pâtisserie faite maison et des pains secs sucrés.
Une vie calme dans la villa n’est pas pour longtemps. En mai 1926 Pilsudski est à nouveau au pouvoir suite à un coup d’Etat. Son régime se propose d’assainir la Pologne. Or, le maréchal doit se soucier à sa santé également. Les médecins lui prescrivent une diète dure : rien que la viande blanche et les légumes. Pilsudski doit renoncer à l’alcool, au thé fort, au café noir et aux soupes à base de consommé de viande, pas plus de quatre verres de liquide et pas plus de 12 cigarettes par jour. Jozef Pilsudski décède en 1935.