Mikhaïl Kozakov, éminent acteur russe de théâtre et de cinéma et réalisateur est décédé vendredi à Tel-Aviv des suites d’une longue maladie. Il est mort à l’âge de 76 ans terrassé par un cancer aggravé. Les médecins de la clinique israélienne ont lutté jusqu’au bout mais la médecine s’est révélée impuissante.
«J’aime le plus au monde la poésie et la littérature, plus que le théâtre et plus que le cinéma. C’est ma plus grande passion depuis l’enfance», - a avoué une jour Mikhaïl Kozakov devant ses spectateurs. Mais le destin a voulu que ce soit seulement à la fin de sa vie que l’acteur ait pu se consacrer entièrement à cette passion. Il voyageait à travers la Russie en déclamant des poésies de Pouchkine et d’Akhmatova, de Pasternak et de Brodsky. Il se produisait également à l’étranger. C’est ainsi lors d’une tournée aux États-Unis, il a donné 18 concerts en 24 jours ayant traversé tout le pays de Los Angeles à New York.
Et pourtant, ce sont ses rôles dans le cinéma et le théâtre qui l’ont rendu vraiment célèbre. Il était un des rares acteurs de cinéma à avoir interprété plus de 80 rôles. Et quels rôles! Le film de science-fiction «l’homme amphibie» ou il a joué le principal personnage négatif a été regardé en 1962 par 62 millions de spectateurs.
Mais dans le rôle de Silvio, dans le film «Coup de feu» inspiré de Pouchkine qu’il a donné la pleine de mesure de son talent et de sa nature tourmentée et tissée de contradictions. C’était Silvio en chair et os, tel que se le représentaient les admirateurs des chefs-d’œuvre de Pouchkine. Un homme apparemment impassible mais fait de passions et faisant tout pour dissimuler sa fragilité intérieure.
La carrière artistique de Mikhaïl Kozakov a connu un début fulgurant. Le film « Meurtre de la rue Dante » est sorti à l’écran en 1956. L’éminent réalisateur Mikhaïl Romm a confié le rôle principal dans ce drame politique au comédien débutant qui l’apparence de l’homme fatal et semblait venir directement de l’époque du cinéma muet. En effet, il était impossible de ne pas se laisser impressionner par lui. La même année le jeune diplômé de l’école de théâtre MKHAT a été engagé dans la troupe du théâtre Maïakovski de Moscou et s’est vu proposer à l’âge de 22 ans le rôle de Hamlet dont les acteurs rêvent toute leur vie. Mikhaïl Kozakov a voué beaucoup plus tard : « Au moment d’apprendre mon premier rôle au théâtre, j’étais surtout bouleversé par le monologue du prince au sujet de la mort. Je ne cessais d’y penser le reste de ma vie »
Il a également joué au théâtre «Sovremennik», à MKHAT et au Théâtre sur Malaïa Bronnaïa. C’est sans hésiter qu’il se séparait des théâtres et des metteurs en scène. Il l’expliquait très brièvement : «Je m’en allais quand je le jugeait nécessaire, après avoir fini mon apprentissage auprès des maîtres». Quand Kozakov a senti que l’emploi de comédien était devenu top étriqué pour lui, il s’est consacré lui-même à la mise en scène et à la réalisation. On lui doit plusieurs spectacles et 14 films. Les chaînes de télévision et les spectateurs raffolent toujours de son film romantique «L’étoile anonyme» réalisé dans le lointain 1978 et du film «La Porte Pokrovski» pétillant de fraîcheur et d’humour qui restera à tout jamais dans l’histoire du cinéma.
«Je crois que les créateurs, et je ne suis pas une exception à cette règle, ont peur des périodes d’incertitude, quand on se croit épuisé et on s’ennuie de soi-même. C’est la plus terrible des choses qu’il faut savoir surmonter en s’accrochant à quelque chose».
Il se passionnait également pour les femmes avec 5 mariages, 5 enfants et déjà cinq petits-enfants qu’il avait eus dans sa vie privée. Les années semblaient n’avoir aucune prise sur lui. La popularité de Mikhaïl Kozakov ne s’est jamais démentie en Russie. Et pourtant, il avait à deux reprises émigré en Israël. La première fois en 1992 à l’époque trouble de la perestroïka, quand il croyait que c’était définitif. Il est pourtant revenu pour tout recommencer à zéro dans la nouvelle Russie. Il a crée son propre théâtre sous le nom d’Entreprise Kozakov. L’acteur travaillait énormément et semblait être content, quand soudain il est reparti en Israël à la surprise générale. Selon lui, le grand combat que l’homme doit livrer toute sa vie est le combat contre soi-même.
Le président Dmitri Medvedev et le premier ministre Vladimir Poutine ont exprimé leurs profondes condoléances à l’occasion du décès de Mikhaïl Kozakov. «Son décès est une perte lourde et irréparable pour la culture russe. C’était un homme charismatique, un brillant acteur, réalisateur et scénariste. Mais il était surtout sincèrement dévoué à sa profession et aux spectateurs», - dit le télégramme du chef du gouvernement adressé aux proches et parents de Mikhaïl Kozakov.
