South Stream/Blue Stream-2: la Russie étend ses livraisons de gaz

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

Le week-end dernier, la Russie a réagi par des actions concrètes à la déclaration adoptée il y a une semaine à Prague, à la conférence de l'UE sur l'énergie, qui avait soutenu la construction du gazoduc Nabucco en contournant le territoire russe. Le 15 mai, un accord qui fera plus que doubler la capacité du projet de gazoduc russo-italien South Stream a été signé en présence des premiers ministres russe et italien, Vladimir Poutine et Silvio Berlusconi. Le lendemain, Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont mis d'accord sur la construction d'une deuxième ramification du gazoduc Blue Stream passant vers la Turquie.

South Stream, gazoduc allant vers l'Italie

Le gazoduc South Stream est un projet conjoint de Gazprom russe et du consortium pétrogazier italien ENI. South Stream passera de la Russie par le fond de la mer Noire jusqu'en Bulgarie, ensuite, via la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, la Slovénie ou l'Autriche, vers le Nord de l'Italie. Un autre itinéraire de South Stream doit passer via la Bulgarie, la Grèce et par le fond de la mer Adriatique vers l'Italie méridionale. Selon les évaluations, le coût préalable du projet dépasse 20 milliards d'euros.

Le mémorandum sur la construction de South Stream fut signé par Gazprom et Eni en juin 2007. Une compagnie-opérateur du projet de gazoduc avait été enregistrée en janvier 2008 en Suisse. Il était prévu que South Stream acheminerait 31 milliards de m3 de gaz naturel par an à partir de 2015.

Le 15 mai, à Sotchi (station balnéaire russe au bord de la mer Noire), le chef du gouvernement russe Vladimir Poutine et le premier ministre italien Silvio Berlusconi se sont entendus pour plus que doubler la capacité du gazoduc South Stream, en la portant de 31 milliards de m3 à 63 milliards de m3 par an. Un avenant au mémorandum sur la construction de South Stream a été signé, en présence des deux premiers ministres, par Gazprom et ENI.

Par conséquent, la Russie a laissé entendre qu'elle avait l'intention de livrer par South Stream du gaz turkmène, dont l'achat est prévu par un contrat jusqu'en 2025. En outre, l'extension de South Stream signifie la diversification des itinéraires d'acheminement du gaz russe en Europe, ce qui réduira presque de moitié le volume de gaz transitant via l'Ukraine. Actuellement, environ 80% de gaz russe passe par le territoire de ce pays.

Le même jour, Gazprom a signé à Sotchi trois autres documents avec les compagnies énergétiques grecque, bulgare et serbe sur la création de coentreprises et sur l'étude de faisabilité de South Stream.

D'ailleurs, il convient de souligner que, tout en préférant South Stream au projet de Nabucco, l'Italie qui est le principal partenaire occidental de la Russie dans le projet South Stream soutient, de même que les autres membres de l'UE, l'idée de diversifier les sources de livraison de ressources énergétiques vers l'Europe.

L'Italie prévoit d'achever en 2013 la construction du gazoduc italo-algérien Galsi et d'un autre qui reliera l'Italie, via la Grèce, à la Turquie. Théoriquement, l'Italie pourra recevoir en provenance de Turquie aussi bien du gaz russe que celui d'Azerbaïdjan et d'autres pays producteurs de gaz qui peuvent s'associer au projet Nabucco, s'il est construit.

Cela étant, l'Italie continue à demander à Gazprom de lui créer des conditions plus avantageuses de participation à South Stream, entre autres, dans le domaine de la répartition des bénéfices et de la gestion du projet. Il se peut qu'en échange de sa participation au projet South Stream, l'Italie demande à la Russie des concessions dans d'autres projets russo-italiens importants.

Blue Stream-2, gazoduc allant vers la Turquie

Le 16 mai, la Russie a réussi à renforcer ses succès dans le domaine du gaz. Au lendemain de la visite de Silvio Berlusconi à Sotchi, c'était le tour du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan d'être l'hôte de Vladimir Poutine. Bien que la Turquie soit le principal pays de transit pour la mise en oeuvre du projet Nabucco, Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine se sont mis d'accord sur le lancement du projet de construction du gazoduc Blue Stream-2.

Construit avec l'aide de l'italien ENI, le gazoduc Blue Stream, passant par le fond de la mer Noire, relie la Russie à la Turquie. En 2008, environ 10 milliards de m3 de gaz russe ont été acheminés par ce gazoduc vers la Turquie. Ces dernières années la Russie, accédant à la demande de la Turquie, a maintes fois augmenté en hiver ses livraisons de gaz par Blue Stream, alors que d'autres fournisseurs de gaz à la Turquie n'étaient pas en mesure de le faire.

Pour la Turquie, dont les besoins en gaz naturel s'accroîtront considérablement après 2015, la pose du deuxième tuyau - Blue Stream-2 - devient une nécessité urgente. D'ailleurs, le projet Blue Stream-2 ne se limite pas au seul marché turc du gaz. Il prévoit également de livrer du gaz russe au Proche-Orient et en Israël, ce qui signifiera la diversification ultérieure des livraisons de gaz russes.

Les premiers ministres russe et turc ont également convenu de proroger l'accord sur l'itinéraire occidental de transport de gaz russe vers la Turquie. Passant par le territoire de l'Ukraine, de la Moldavie, de la Roumanie et de la Bulgarie, ce trajet complète Blue Stream actuel, ce qui permet à la Turquie de recevoir environ 6 milliards de m3 de gaz par an.

Bref, la Russie a fourni des arguments sérieux en faveur de ses projets de transport de gaz en Europe, en Turquie et au Proche-Orient.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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