Gazprom doit s'entendre sur l'achat du gaz actuellement livré par Exxon au territoire de Khabarovsk par le tube de Daltransgaz (1,5 à 2 milliards de m3 par an). En outre, Rosneft vendra à Gazprom la minorité de blocage de Daltransgaz, ce sur quoi les parties se sont déjà entendues il y a plus d'un an et demi (27,4% de Daltransgaz sont détenus par l'Etat, et 47,5% par des structures proches de Gazfond). En échange, Gazprom assurera à Rosneft l'accès aux "capacités disponibles" du réseau de transport du gaz Sakhaline-Khabarovsk-Vladivostok, dont fera également partie Daltransgaz. Telle est l'essence de l'accord entre les compagnies signé par leurs dirigeants Alexeï Miller et Sergueï Bogdantchikov, a fait savoir samedi Gazprom. Chez Rosneft, on s'est refusé à tout commentaire.
L'accord avait été signé jeudi, indique un représentant de Gazprom. Mais il n'a été annoncé qu'après la rencontre qui a eu lieu vendredi entre le président Dmitri Medvedev et le vice-premier ministre Igor Setchine. Selon une source au sein de l'administration présidentielle, l'approvisionnement en gaz a été le sujet principal de la rencontre. Déjà cet hiver, lorsque Dmitri Medvedev était encore candidat à la présidence, il avait demandé qu'on lui explique pourquoi Gazprom et Rosneft n'arrivaient pas à se partager les gazoducs extrême-orientaux: "Je vais accélérer tout ça", avait-il promis. Le fait est que "les intérêts des gens en pâtissent: le tube n'est toujours pas modernisé, et il y a un risque de pénurie de combustible", avait expliqué Dmitri Medvedev. Il a demandé vendredi à Igor Setchine comment les choses avançaient sur ce plan.
Il s'avère que le problème est réglé. La région recevra 1,5 à 2 milliards de m3 de gaz de Sakhaline-1, a déclaré Igor Setchine après la rencontre. Il n'a pas précisé, il est vrai, qui serait chargé de l'écoulement de ce gaz. Aujourd'hui, c'est Exxon. En 2007, le pétrolier américain avait extrait environ 8 milliards de m3 de gaz de Sakhaline-1, mais sa majeure partie a été renvoyée dans la couche, dans la mesure où le problème de l'écoulement n'est toujours pas réglé. Gazprom voudrait qu'Exxon lui vende du gaz afin de le revendre ensuite sur le marché intérieur. Exxon espérait l'exporter, signant même en 2006 un protocole avec la compagnie chinoise CNPC. Les négociations se poursuivent, toutes les variantes sont examinées, affirme Diliar Sydykov, représentant d'Exxon en Russie. Mais le problème peut tout de même être considéré comme réglé: Gazprom recevra du gaz, puisqu'il bénéficiera du soutien de Rosneft, estime Denis Borissov, analyste de Solid.
L'avantage qu'en tireront les Américains dépendra évidemment du prix. On ne sait pas non plus s'il faut considérer Rosneft comme une partie lésée. Il y a un an, Sergueï Bogdantchikov avait déclaré qu'il était prêt à se séparer de la part de Daltransgaz en échange d'un des grands gisements de pétrole de Gazprom, Ioujno-Priobskoïe, ce que les managers du consortium gazier avaient accueilli comme une plaisanterie déplacée. Gazprom a réservé dans son budget de cette année plus de 7 milliards de roubles (près de 190 millions d'euros) pour l'achat des actions de Daltransgaz, affirme une source du consortium. Mais le budget ne précise pas la nature du paquet, assure-t-elle. S'il s'agit du paquet de Rosneft, c'est un prix juste, estime Denis Borissov: il évalue les 25% de Daltransgaz à 300-500 millions de dollars.
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.