Revue de la presse russe du 24 avril

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MOSCOU, RIA Novosti

RBC Daily

L'Australie s'agrandit, le repartage du monde commence

La Commission des limites du plateau continental des Nations unies (CLPC) a accordé à l'Australie le contrôle de 2,5 millions de kilomètres carrés, dont des territoires sous-marins à proximité du continent Antarctique, indique jeudi le journal RBC Daily.

Cette décision aggrave la lutte pour les ressources du pôle Sud. Certains experts considèrent que ce précédent antarctique est plus grave que la proclamation de l'indépendance du Kosovo et évoquent le début d'un repartage du monde.

Selon le ministre australien des Ressources, de l'Energie et du Tourisme, Martin Ferguson, le plateau continental "transmis" à l'Australie recèle d'énormes réserves de pétrole et de gaz.

Le Traité de l'Antarctique de 1959 (signé par 46 Etats) interdisait à ses signataires toute exploitation commerciale du continent. Ce document ne contenait pas le terme de "plateau continental", qui est apparu beaucoup plus tard, dans la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Conformément à cette convention, tout Etat côtier peut proclamer sa juridiction sur le plateau continental adjacent à son territoire, ce sur quoi Canberra s'est appuyé pour présenter une demande appropriée en 2004. Cependant, sous la pression des Etats-Unis et de la Russie, l'Australie avait alors dû reculer. C'est une nouvelle demande présentée en avril 2005 qui a été examinée jusqu'alors.

Nombre d'experts sont convaincus que l'ONU a adopté une décision absolument illégitime. "Le Traité de l'Antarctique n'admet aucune revendication territoriale. L'ONU ne possède aucun territoire et ne peut donc décider d'aucune transmission de territoires", affirme Vladimir Koutchine, chef adjoint de l'expédition antarctique russe. D'après lui, la question du repartage de l'Antarctique pourrait être réglée lors de réunions consultatives portant sur le pôle Sud, mais uniquement avec la participation de tous les pays signataires du traité.

Ce précédent est beaucoup plus dangereux que la proclamation de l'indépendance du Kosovo, estime l'analyste politique Dmitri Evstafiev. Dans ce contexte, le silence absolu de la Russie paraît très étonnant. Moscou doit déclarer que cette décision est illégitime et crée un précédent dangereux, mais aussi exiger un compte rendu du secrétaire général de l'ONU, afin qu'il explique les fondements de sa décision à ce sujet.

Si l'extension du territoire australien est reconnue comme légitime, ceci perturbera inévitablement le travail des mécanismes juridiques internationaux, qui ont déjà beaucoup pâti de la proclamation de l'indépendance du Kosovo. Par la suite, ceci permettra de percevoir le processus de repartage du monde sous un angle nouveau. Le précédent du pôle Sud pourra notamment être utilisé pour le pôle Nord, ce qui globalisera la lutte pour les ressources de l'Arctique, dans laquelle la Russie sera également impliquée.

Le processus de repartage du monde dans les zones polaires se développera très rapidement. Il est vain d'espérer que le règlement des problèmes de l'Arctique et de l'Antarctique prendra de longues années. La Russie doit multiplier ses efforts en Arctique, estime Dmitri Evstafiev.

Vedomosti

Du pétrole dans le gaz: Gazprom brigue le contrôle de TNK-BP

Gazprom souhaite acquérir le bloc de contrôle de TNK-BP avant la fin de l'année, annonce jeudi le quotidien Vedomosti, citant des sources proches de la direction des deux compagnies.

Le montant de la transaction pourrait se chiffrer à 20 milliards de dollars.

"Il a déjà été décidé que TNK-BP serait vendu à Gazprom pour 20 milliards de dollars", a raconté une source proche de la direction du monopole gazier. La transaction sera achevée d'ici la fin de l'année, selon lui. Gazprom a la ferme intention d'obtenir le bloc de contrôle de TNK-BP avant la fin de l'année, confirme une source proche de l'un des copropriétaires de la troisième compagnie pétrolière et gazière de Russie. Selon lui, le monopole a déjà proposé au début de l'année aux actionnaires russes du holding de leur racheter la totalité de leur part.

Gazprom a fait savoir qu'il s'était déjà entendu avec BP (qui détient 50% du holding russo-britannique) sur l'acquisition de 1% d'actions supplémentaires. Une source au sein de BP qualifie ces informations de "rumeurs". Un haut responsable du groupe Alfa (25% des actions de TNK-BP) nie l'existence de négociations avec Gazprom et la possibilité de vente par les actionnaires russes de leur part dans TNK-BP. Il affirme en outre ne rien savoir de l'entente intervenue entre le monopole et BP sur l'acquisition de 1% d'actions supplémentaires. Mais une autre source proche de la direction du groupe Alfa confirme que Gazprom vient d'informer les actionnaires russes de TNK-BP de son entente avec BP sur l'achat de 1% de ses actions, en indiquant qu'il souhaite en prendre le contrôle.

Mais les actionnaires de TNK-BP ne perçoivent pas cette démarche comme une proposition correcte pour le rachat de leur part, car "les affaires ne se font pas ainsi". L'interlocuteur du journal indique que selon un accord entre actionnaires en vigueur, chacune des parties a la priorité pour racheter les parts de ses partenaires. Il a refusé de discuter de l'éventuel montant de la transaction.

Gazprom s'intéresse depuis longtemps à l'acquisition du bloc de contrôle de TNK-BP, avoue l'un des managers du géant gazier. Mais jusqu'à la fin de l'année dernière, un moratoire interdisait aux actionnaires de la compagnie russo-britannique de vendre leurs parts. Le responsable suppose que c'est en raison de la volonté de Gazprom de prendre le contrôle de TNK-BP que la transaction portant sur l'achat de 63% des actions de Rusia Petroleum, détenteur de licences pour la mise en valeur du gisement gazier de Kovykta, traîne également en longueur. Mercredi, le vice-président du conseil d'administration de Gazprom Alexandre Medvedev a déclaré que le géant gazier ne parvenait pas à recevoir de TNK-BP les documents nécessaires pour achever la transaction.

L'acquisition par Gazprom de TNK-BP est une décision politique qui n'a même pas été prise par le monopole lui-même, estime Valeri Nesterov, analyste de Troïka-Dialog. "Les actionnaires russes ne pourront sans doute pas s'y opposer. Par ailleurs, s'ils se voient vraiment proposer 20 milliards de dollars, cela devrait les satisfaire".

Nezavissimaïa gazeta

Elargissement de l'OTAN à l'Est: une seule solution pour la Russie, la démocratisation

L'effervescence autour de l'expansion de l'OTAN à l'Est s'est apaisée après l'ajournement à Bucarest de l'intégration de l'Ukraine et de la Géorgie au Plan d'action pour l'adhésion à l'Alliance, note jeudi le journal Nezavissimaïa gazeta.

Mais en général, l'idée de l'existence de menaces de la part de l'Occident est activement diffusée par la propagande officielle. Par ailleurs, il existe en effet des raisons très importantes de s'inquiéter, mais elles ne sont pas liées à la menace militaire émanant de l'OTAN ou de la troisième zone de positionnement du bouclier antimissile américain (ABM).

La véritable menace n'est autre que la perspective d'un isolement "civilisationnel" [de la Russie] après l'adhésion, sous une forme ou une autre, de tous les pays frontaliers à l'OTAN ou à l'édification d'un ABM global sans la participation de la Russie. Ceci pourrait arriver si le pouvoir russe et les analystes politiques qui le desservent continuent d'entretenir l'hystérie autour de la menace militaire au lieu d'entamer une démocratisation réelle du pays, de s'attaquer à la mise en place de forces militaires modernes, et de rechercher activement un compromis sur l'ABM.

Vladimir Poutine avait tout à fait raison en déclarant à Bucarest que l'OTAN n'était pas un "démocratiseur". Parce que le démocratiseur, c'est le Plan d'action pour l'adhésion. Avant leur adhésion à l'OTAN, les pays candidats doivent se mettre en conformité avec les conditions de la Charte de l'OTAN en matière de démocratie, conditions qui, pour la plupart, ne sont pas remplies en Russie. Ceci concerne notamment le contrôle civil des forces armées.

Avec un tel contrôle, il est beaucoup plus difficile de détourner de gigantesques flux financiers. C'est uniquement dans les conditions d'un contrôle civil efficace qu'il est possible de procéder à des réformes d'envergure des Forces armées russes. La parodie de ces réformes est accompagnée depuis déjà de longues années de mensonges malheureusement efficaces sur leur prétendue réussite.

Seuls un contrôle civil, un parlement, un système judiciaire et des médias indépendants sont capables de diminuer le gigantesque niveau de corruption dans l'économie en général et dans le secteur de l'industrie de défense en particulier, mais également de contribuer au développement des petites et moyennes entreprises qui, à la faveur d'une concurrence élevée, ont déjà dépassé en Occident les grands groupes en matière d'innovations. Or, sans l'innovation, il est impossible d'espérer rattraper le décalage technologique entre les équipements des forces armées de la Russie et de l'OTAN, qui ne cesse de s'accroître à un rythme vertigineux.

Il en est de même avec le bouclier antimissile. On ne peut pas se borner à la présence de militaires russes dans les bases en Pologne et en République tchèque. Il importe d'insister sur une véritable coopération à toutes les étapes de la création et de l'exploitation d'un ABM global. Il faut obtenir la possibilité d'acquérir des technologies occidentales au lieu de redouter une fuite de nos propres technologies sensibles, déjà peu nombreuses.

Par Vladimir Dvorkine, chercheur en chef de l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie russe des sciences.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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