Elargissement de l'OTAN à l'Est: une seule solution pour la Russie, la démocratisation (Nezavissimaïa gazeta)

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MOSCOU, 24 avril - RIA Novosti. L'effervescence autour de l'expansion de l'OTAN à l'Est s'est apaisée après l'ajournement à Bucarest de l'intégration de l'Ukraine et de la Géorgie au Plan d'action pour l'adhésion à l'Alliance, note jeudi le journal Nezavissimaïa gazeta.

Mais en général, l'idée de l'existence de menaces de la part de l'Occident est activement diffusée par la propagande officielle. Par ailleurs, il existe en effet des raisons très importantes de s'inquiéter, mais elles ne sont pas liées à la menace militaire émanant de l'OTAN ou de la troisième zone de positionnement du bouclier antimissile américain (ABM).

La véritable menace n'est autre que la perspective d'un isolement "civilisationnel" [de la Russie] après l'adhésion, sous une forme ou une autre, de tous les pays frontaliers à l'OTAN ou à l'édification d'un ABM global sans la participation de la Russie. Ceci pourrait arriver si le pouvoir russe et les analystes politiques qui le desservent continuent d'entretenir l'hystérie autour de la menace militaire au lieu d'entamer une démocratisation réelle du pays, de s'attaquer à la mise en place de forces militaires modernes, et de rechercher activement un compromis sur l'ABM.

Vladimir Poutine avait tout à fait raison en déclarant à Bucarest que l'OTAN n'était pas un "démocratiseur". Parce que le démocratiseur, c'est le Plan d'action pour l'adhésion. Avant leur adhésion à l'OTAN, les pays candidats doivent se mettre en conformité avec les conditions de la Charte de l'OTAN en matière de démocratie, conditions qui, pour la plupart, ne sont pas remplies en Russie. Ceci concerne notamment le contrôle civil des forces armées.

Avec un tel contrôle, il est beaucoup plus difficile de détourner de gigantesques flux financiers. C'est uniquement dans les conditions d'un contrôle civil efficace qu'il est possible de procéder à des réformes d'envergure des Forces armées russes. La parodie de ces réformes est accompagnée depuis déjà de longues années de mensonges malheureusement efficaces sur leur prétendue réussite.

Seuls un contrôle civil, un parlement, un système judiciaire et des médias indépendants sont capables de diminuer le gigantesque niveau de corruption dans l'économie en général et dans le secteur de l'industrie de défense en particulier, mais également de contribuer au développement des petites et moyennes entreprises qui, à la faveur d'une concurrence élevée, ont déjà dépassé en Occident les grands groupes en matière d'innovations. Or, sans l'innovation, il est impossible d'espérer rattraper le décalage technologique entre les équipements des forces armées de la Russie et de l'OTAN, qui ne cesse de s'accroître à un rythme vertigineux.

Il en est de même avec le bouclier antimissile. On ne peut pas se borner à la présence de militaires russes dans les bases en Pologne et en République tchèque. Il importe d'insister sur une véritable coopération à toutes les étapes de la création et de l'exploitation d'un ABM global. Il faut obtenir la possibilité d'acquérir des technologies occidentales au lieu de redouter une fuite de nos propres technologies sensibles, déjà peu nombreuses.

Par Vladimir Dvorkine, chercheur en chef de l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie russe des sciences.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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