Mme Gouskova dirige le Centre d'étude de l'actuelle crise balkanique à l'Institut d'études slaves de l'Académie des Sciences de Russie.
"Il est important pour la Russie que le peuple de la Serbie fasse son choix, et nous coopérerons avec tout président élu", a-t-elle déclaré.
Selon la spécialiste, Moscou se tient à égale distance des candidats à la présidence serbe.
"La seule différence est que Boris Tadic n'a pas de partenaire politique en Russie, alors que le leader du Parti radical serbe (SRS) Tomislav Nikolic en a, c'est le parti Russie juste", a fait remarquer Mme Gouskova.
Et d'ajouter que lors de l'examen de la situation au Kosovo, la Russie avait "réussi à bloquer le processus arbitraire dans les Balkans, soulevant la question de la suprématie du droit international dans les rapports entre les Etats".
Le chercheur à l'Institut d'études slaves et commentateur au journal Vremia novosteï Piotr Iskanderov a signalé pour sa part que les deux candidats au poste de président serbe étaient, eux aussi, intéressés par la coopération avec la Russie.
"Néanmoins, Nikolic serait sans doute prêt à aller beaucoup plus loin et à étendre notre coopération bilatérale non seulement à l'économie et à la politique, mais aussi au domaine militaire. En cas de victoire, il pourrait, par exemple, inviter en Serbie des spécialistes militaires russes et promouvoir d'autres formes de coopération. Il est cependant peut probable qu'il s'agisse d'y déployer une base militaire russe", a supposé l'expert.
Cependant, a-t-il poursuivi, la Russie ne parle pas d'y installer une base.
"La question est de savoir à quel point une telle base militaire nous serait nécessaire dans un pays n'ayant pas de débouché sur la mer et entouré d'Etats membres de l'Alliance de l'Atlantique Nord", a relevé M. Iskanderov.
La question du Kosovo reste une préoccupation prioritaire de la Serbie. Selon M. Iskanderov, l'indépendance du Kosovo pourrait être proclamée sitôt le second tour de l'élection présidentielle passé.
Formellement toujours partie intégrante de la Serbie, la province du Kosovo est administrée depuis 1999 par la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). Les négociations sur le statut définitif de la province entre Belgrade et Pristina n'ont pas abouti, Pristina insistant sur sa totale indépendance vis-à-vis de la Serbie, alors que Belgrade lui propose une large autonomie.
Les représentants des Etats-Unis et de l'Union européenne (UE) ont déclaré que le temps des négociations était complètement épuisé et que le statut de la province serait désormais défini dans le cadre de l'UE et de l'OTAN. En décembre dernier, l'Union européenne a décidé d'envoyer une mission de police et de justice au Kosovo, devant se substituer à la MINUK.
Moscou rappelle qu'il est toujours possible de prendre une solution légitime dans le cadre de l'ONU avec l'assentiment des deux parties.