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Lutte antiterroriste/ Lignes haute tension/ Arctique/ BlackBerry

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Mieux que le flair du chien: l'analyseur de gaz

Des chercheurs russes travaillent à la mise au point d'un analyseur de gaz portable. Un appareil de petite taille, mais très efficace. A l'instar d'un chien spécialement dressé, il sera capable de détecter des traces de substances dans l'air. Mais à la différence de l'animal, il pourra établir en quelle quantité se trouvent celles-ci, et révéler leur structure chimique.

L'analyseur de gaz pourra servir d'alternative aux chiens spécialement dressés pour détecter la présence d'explosifs, de drogue et autres substances dangereuses, rapporte le site informnauka.ru. Cet appareil est actuellement en cours de conception par des chercheurs de l'Institut de physique des corps solides de l'Académie des sciences russe, en coopération avec leurs collègues du Centre scientifique et de production Aspekt, qui fonctionne auprès de l'Institut unifié de recherches nucléaires de Doubna. Ajoutons que si bien évidemment le chien est inapte à dire ce qu'il a reniflé, l'analyseur de gaz sera, lui, capable d'identifier les substances détectées.

Selon ses concepteurs, l'appareil fonctionnera de la manière suivante. Un capteur d'air absorbera en permanence de l'air à travers deux filtres spéciaux. Le premier est constitué de tubes capillaires très fins, de moins d'un demi-millimètre de diamètre, entre deux lamelles de saphir artificiel. Pourquoi faut-il un filtre aussi étrange et, à l'évidence, des plus onéreux? Chaque lamelle reçoit régulièrement une décharge électrique. Les impuretés des matières organiques se consument à travers sa flamme, et un spectre de rayonnement permet d'établir la composition chimique du plasma obtenu. C'est une analyse que l'on qualifie d'analyse par émission atomique. Le principe de cette méthode est connu depuis longtemps, mais d'ordinaire le spectromètre utilisé est un gros appareil, assez coûteux. Les chercheurs russes ont établi qu'on pouvait en réaliser un beaucoup plus compact et léger, de la taille d'une demi-brique.

Et le saphir, justement, possède des qualités exceptionnelles pour ce type d'analyse. Premièrement, il supporte des champs électriques et des températures élevés. C'est pourquoi le même filtre peut être réutilisé de nombreuses fois. En second lieu, ses propriétés diélectriques permettent, avec des dépenses énergétiques moindres, de créer une décharge de la puissance requise. C'est ce qui permet de réaliser un appareil relativement compact.

Mais une fois la composition des éléments de l'échantillon établie, la seconde moitié du chemin reste à parcourir. Une même collection d'atomes de divers éléments peut en effet provenir des molécules de substances des plus diverses. C'est la raison pour laquelle il faut une autre source indépendante d'informations sur la composition des impuretés, et donc un second filtre.

Ce second filtre joue lui aussi, en quelque sorte, le rôle d'accumulateur pour les substances analysées. Selon les concepteurs du projet, c'est le saphir, une fois encore, qui convient le mieux, avec des tubes capillaires creux. Mais pour ce filtre, les parois internes des tubes capillaires sont recouvertes d'une couche d'une substance particulière. Les molécules recherchées vont se déposer sur cette couche et donc s'accumuler, se concentrer, à la différence des petites molécules des principaux composants de l'air, tels que l'azote, l'oxygène, le gaz carbonique ou la vapeur d'eau.

Dans ce filtre concentrateur, la composition des molécules accumulées est analysée en recourant à une autre méthode - le spectre de diffusion Raman. Pour ce faire, le filtre est parcouru par un rayon laser (le saphir convient ici parfaitement, car il résiste à une densité élevée de rayonnement laser et, de plus reste transparent dans une large gamme du spectre optique). Les molécules analysées interréagissent avec le rayon laser, en stricte conformité avec leur structure, en le diffusant, ce qui permet d'établir leur composition.

L'ordinateur, qui reçoit les deux types de spectre (le spectre de vibration des molécules des impuretés et le spectre atomique d'émission des atomes et fragments de molécules qui les composent), analyse les données obtenues et les compare avec sa propre base de données dans laquelle figurent les spectres étalons des différentes substances potentiellement dangereuses. Il réagit dès qu'il y a une coïncidence entre les résultats obtenus et un étalon. Et non seulement il indique s'il y a des substances dangereuses dans l'atmosphère entourant les "vecteurs" (qui peuvent être des personnes, des bagages, des véhicules, etc.), comme le ferait un chien spécialement dressé, mais il donne avec précision le nom des impuretés des matières découvertes par l'analyseur.

Cet appareil n'existe pas pour l'instant à l'état finalisé. Il est encore en cours de développement. Cependant ses éléments sont déjà prêts ou du moins les scientifiques savent d'ores et déjà comment procéder pour les réaliser, bien que du temps, du travail et des moyens financiers soient nécessaires pour y parvenir. Certains éléments de l'appareil sont du reste déjà utilisés. Ainsi, une pièce essentielle - le filtre en saphir - est utilisée avec succès par des scientifiques allemands pour détecter certains gaz toxiques dans l'air des ateliers de production.

Lignes haute tension: un polymère remplace la porcelaine

Des chercheurs russes ont élaboré une technologie universelle permettant de réaliser des isolants de toutes tailles et formes pour les lignes haute tension. Ceux-ci présentent bien des avantages par rapport à leurs traditionnels homologues en porcelaine. Notamment celui de ne pas exploser.

Des collaborateurs de l'Institut électrotechnique russe (IER) de Moscou ont élaboré et breveté une technologie permettant de réaliser des isolants haute tension de meilleure qualité, à moindre coût et plus simples à produire qu'avec les procédés traditionnels, rapporte le site informnauka.ru. Pour ce faire, ses concepteurs utilisent à la place de la porcelaine habituelle, un matériau reposant sur un polymère de silicium organique. La technologie employée ici a ceci de particulier qu'elle s'appuie sur un procédé fondamentalement nouveau d'apposition de cette enveloppe de polymère sur l'élément porteur de la construction.

Le matériau isolant lui-même - de la résine de silicone - est, à vrai dire, utilisé depuis bien des années comme gaine isolante extérieure des équipements haute tension. La méthode, théoriquement, est simple: on crée le moulage adéquat, on y fait pénétrer sous pression la masse de polymère et l'on chauffe à une température élevée. On retire le produit prêt, et le moulage peut de nouveau être utilisé. Dans la réalité, les choses ne sont toutefois pas aussi simples, et l'opération coûte très cher: les moules sont onéreux, le processus est complexe et les équipements coûtent cher eux aussi.

La méthode proposée par les spécialistes de l'IER de Moscou est fondamentalement différente. La masse de polymère est sortie d'une extrudeuse spécialement conçue, puis en quelque sorte enroulée sur une base pivotante, un peu comme du fil sur une bobine. Sa masse est en effet suffisamment épaisse pour cela. On peut alors chauffer le produit, et l'on n'a besoin pour ce faire ni d'équipement fonctionnant sous une pression donnée, ni de moulage !

Le revêtement ainsi obtenu présente la particularité d'avoir une forme en spirale. A la différence des autres revêtements, il permet d'éviter que ne s'accumulent la poussière et l'eau. Cette nouvelle technologie permet donc d'avoir des isolants à la fois plus propres et plus secs que ceux en porcelaine. Autrement dit, ils sont plus fiables.

Ces isolants sont par ailleurs moins dangereux que ceux en porcelaine. En cas de problème électrique ou de choc, les isolants en porcelaine ou en verre explosent, et des éclats tranchants sont disséminés aux alentours. Ce qui, naturellement, peut s'avérer très dangereux. Les isolants en polymère et les gaines isolantes ne peuvent en aucun cas exploser: le polymère est une matière souple qui, dans le pire des cas, se rompt, tout simplement. Bien que leur solidité mécanique soit très élevée, la durée de vie de ces isolants est d'au moins un quart de siècle. Et ils peuvent supporter des tensions très élevées - jusqu'à un millier de kilovolts. Enfin, et ce n'est pas sans importance, ils sont également plus légers que les isolants en porcelaine.

La technologie mise au point par l'IER de Moscou permet de fabriquer non seulement des isolants, mais aussi n'importe quelle construction isolante ronde, y compris des constructions creuses. De telles constructions sont nécessaires pour y implanter des équipements haute tension - tant pour protéger les équipements de l'environnement que pour protéger l'environnement des hautes tensions. Cette nouvelle technologie permet, en définitive, de rendre les lignes électriques et, plus globalement, les équipements haute tension, plus fiables et plus sûrs.

Un système d'observation satellitaire de l'Arctique créé d'ici 2011-2012

La société NPO Lavotchkin et le Rosgidromet (Météorologie nationale russe) créeront d'ici 2011-2012 un nouveau système spatial, dénommé Arktika, afin d'observer les modifications du temps et concourir à la prospection des minéraux utiles dans la région arctique. L'annonce de ce projet a été faite par le Service de presse de l'Agence spatiale russe (Roskosmos) citant son propre directeur, Anatoli Perminov.

"Pour obtenir des informations météorologiques, nous avons proposé, avec le Rosgidromet, de créer le système météorologique spatial Arktika, fonctionnant sur une orbite elliptique élevée, et destiné à fournir des informations complexes permettant de résoudre les problèmes du développement de toute la région arctique", a expliqué Anatoli Perminov.

Le patron de Roskosmos a expliqué que l'on manquait actuellement de données crédibles et permanentes concernant les pôles. Cela complique l'établissement de prévisions fiables. A ce jour, les données météorologiques sont fournies, pour l'essentiel, par un groupement international de satellites météorologiques géostationnaires. Ils sont peu efficaces pour scanner les hautes latitudes de la Terre, car situés au-dessus de l'équateur.

Les spécialistes de NPO Lavotchkin envisagent de lancer cinq satellites. Deux satellites météorologiques optiques, sous l'appellation Arktika-M, observeront en permanence les changements de temps. Ils fourniront également des informations sur la sécurité des vols au-dessus des territoires polaires.

La nuit polaire est très longue. Lorsque les moyens optiques deviendront inopérants, les scientifiques utiliseront le satellite de détection Arktika-R, irremplaçable pour obtenir des indications précises sur l'état de la couche de glace et guider le passage des navires par la Voie maritime septentrionale et l'embouchure des grands fleuves sibériens. Ce satellite rendra également de grands services en matière de prospection du pétrole, du gaz et d'autres minéraux utiles, a souligné Anatoli Perminov.

Deux autres satellites de communication, de type Arktika-C, assureront la continuité des communications téléphoniques et des transmissions TV et radio FM, notamment pour les navires et les avions qui se trouveront dans la zone polaire.

L'exploitation de ces cinq satellites favorisera un développement socio-économique dynamique des territoires septentrionaux de la Russie et des pays voisins du Pôle. Ce projet sera rentable à terme, a souligné Anatoli Perminov.

Les premières études ont été lancées. Les satellites seront créés sur la base des plateformes, déjà existantes, de type Navigator et Express. Le projet devrait être mené à terme d'ici quatre ans, selon le patron de Roskosmos, qui se félicite qu'il ait vu jour dans le cadre de l'Année polaire internationale qui a lieu actuellement.

Le BlackBerry autorisé en Russie

Deux importants opérateurs russes de téléphonie mobile, MTS et Vympelcom, ont obtenu l'autorisation du Centre des licences, des certificats et de la protection des secrets d'Etat du FSB d'importer des terminaux pour leurs abonnés et les programmes nécessaires afin de pouvoir lancer en Russie le service BlackBerry.

Cette autorisation a été accordée pour une durée d'un an, mais MTS (Mobile TeleSystems) et Vympelcom (sous la marque commerciale Beeline) espèrent bien qu'elle sera renouvelée par la suite.

Le service BlackBerry permet non seulement, à partir des terminaux du même nom, de bénéficier de la téléphonie mobile, mais aussi d'accéder de manière protégée et en temps réel, au courrier électronique d'une entreprise ainsi qu'à ses bases de données, à Internet et aux applications Windows. Le niveau de protection de l'information se situe à un niveau élevé grâce au codage des données.

Jusqu'à présent, les opérateurs russes se trouvaient dans l'incapacité de pouvoir proposer ces services car les structures dites "de force" exigeaient d'avoir la possibilité d'accéder aux informations transmises pour les besoins éventuels d'enquêtes. Conformément à la législation russe, les appareils codant les informations doivent recevoir un certificat du FSB. Le fabriquant des BlackBerry, le canadien RIM (Research in Motion), refusait jusqu'à présent de donner au FSB les codes de déchiffrage, et de ce fait le FSB interdisait l'importation des BlackBerry en Russie.

Le vice-président de MTS Mikhaïl Chamoline a annoncé le 27 novembre que sa compagnie a consacré deux ans à "proposer les BlackBerry à ceux qui ont besoin de cette solution". Sa société, a-t-il dit, garantira à ses abonnés l'inviolabilité des informations commerciales et privées.

Selon une source émanant du marché des télécommunications, citée par le site vz.ru, le FSB se serait arrangé avec MTS pour que BlackBerry octroie des services différant légèrement de ceux utilisés dans les autres pays, le serveur étant directement installé chez l'opérateur.

Le niveau de confidentialité du service et sa fonctionnalité ne différeront pas des normes mondiales des BlackBerry, a insisté Mikhaïl Chamoline. Il a toutefois précisé que, conformément à la loi russe, des écoutes de conversations et des interceptions de correspondance pourront être effectuées à la demande de la justice. 

La porte-parole de Vympelcom, Ekaterina Ossadtchaïa, a précisé que conformément aux autorisations qu'elles ont reçues, les compagnies devront fournir aux structures "de force" des renseignements sur les abonnés utilisant les BlackBerry. Elle a également précisé que l'utilisation de ce service serait interdite aux personnes travaillant au sein des organes du pouvoir d'Etat et dans les organisations détentrices d'informations relevant du secret d'Etat.

Les deux opérateurs comptent dans un premier temps proposer les BlackBerry aux clients des entreprises avant de s'attaquer au marché de masse. Mikhaïl Chamoline a précisé que tous les modèles de terminaux BlackBerry qui apparaîtront sur le marché seraient vendus en Russie. Trois modèles sont actuellement proposés, avec un clavier en cyrillique et un menu en russe.

Maxime Savvatine, de la société IKS-consulting, note que les BlackBerry sont avant tout destinés à la clientèle d'entreprise. Ces appareils, estime-t-il, ne connaîtront le succès en Russie que chez les collaborateurs des sociétés étrangères, habitués à ce service.

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