Les sociologues ont établi que depuis un an et demi - d'avril 2005 à novembre 2006 - le niveau de la peur et de la phobie était en recul.
Par exemple, encore au printemps dernier 70% des Russes étaient préoccupés par "la forte baisse du niveau de vie, se traduisant même par la faim pour une partie de la population". Maintenant la peur d'une disette hante seulement un peu plus d'un Russe sur quatre. Ce fait est difficilement explicable car les réalités économiques d'une année à l'autre sont pratiquement restées les mêmes. Par exemple, les gens ont cessé de craindre "l'extinction de la population russe consécutive à un faible taux de natalité" dès après avoir appris que le président lui-même avait sérieusement pris les choses en main en vue d'étoffer la population, relève non sans sarcasme "Gazeta.ru". Une allocation complémentaire (environ 10.000 dollars) pour la naissance du premier enfant, quoique repoussée dans le temps, et un relèvement sans précédent des prestations familiales ont provoqué une baisse sensible du nombre de personnes appréhendant une catastrophe démographique (de 58 à 36%).
La diffusion régulière à la télévision d'émissions montrant une Tchétchénie définitivement apaisée, des montagnes de cadavres de terroristes internationaux abattus par les forces de l'ordre, le fait qu'à la différence des années précédentes il n'y a pas eu, Dieu soit loué, d'attentats importants, expliquent peut-être pourquoi les gens ont cessé de craindre "des actes terroristes contre des sites stratégiques". En avril 2005, six mois après la tragédie de l'école de Beslan, en Ossétie du Sud, cette peur hantait 67% des gens contre 41% maintenant.
Mais la "dégradation de la culture, de la recherche et de l'enseignement, qui hier encore était redoutée par 59% de la population, ne préoccupe plus aujourd'hui que moins d'un tiers des gens: 31%. Peut-être est-ce là la force magique des "projets nationaux" parmi lesquels, excepté la recherche et l'enseignement, la culture ne figure pas encore. Les gens ont également cessé de se faire du souci au sujet d'une éventuelle "scission au sein de l'élite dirigeants", et il n'est pas exclu que cela soit dû à l'action du superviseur des projets nationaux, Dmitri Medvedev, qui passe, tout comme d'ailleurs le vice-ministre et ministre de la Défense, Sergeï Ivanov, comme un candidat possible à la succession de Vladimir Poutine. Les personnes redoutant "un pugilat sans merci pour le pouvoir" la veille de la présidentielle de 2008 qui étaient 46% auparavant ne sont plus que 31%.
Il est bien plus facile aux dirigeants du pays de faire face à cette phobie que de convaincre les citoyens que le fascisme est en recul en Russie (malgré un regain d'activité des forces nationalistes ceux qui appréhendent leur accession au pouvoir sont un peu moins nombreux: ils sont passés de 11 à 9%).
Les 17-19% de personnes qui estiment que le principal danger pour la Russie émane de l'espace font figure de curiosité sur cette toile de fond. Il faut probablement voir la une incidence des articles de presse qui, quasi-quotidiennement, font état de pluies de météorites dévastatrices en passe de s'abattre sur la planète, exterminant tout ce qu'il y a de vivant.
