L'antisémitisme perd du terrain dans le monde (experts russes)

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Dans le monde, l'antisémitisme perd du terrain, affirment des experts russes à la veille du 2e Forum en mémoire de l'Holocauste qui s'ouvre le 27 septembre à Kiev, jour du 65e anniversaire du massacre par les nazis de 33.000 Juifs dans la capitale ukrainienne.
MOSCOU, 25 septembre - RIA Novosti. Dans le monde, l'antisémitisme perd du terrain, affirment des experts russes à la veille du 2e Forum en mémoire de l'Holocauste qui s'ouvre le 27 septembre à Kiev, jour du 65e anniversaire du massacre par les nazis de 33.000 Juifs dans la capitale ukrainienne.

"L'antisémitisme est revenu à son statut de phénomène de la vie courante, et c'est en cette qualité qu'il existe en Russie, dans les pays d'Europe et aux Etats-Unis", a indiqué lundi à RIA Novosti le président de la Fondation russe pour une politique efficace, Gleb Pavlovski.

L'antisémitisme est profondément étranger à la culture russe, a-t-il ajouté.

"Ce phénomène est intolérable. La culture russe rejette l'antisémitisme, à l'opposé de nombreuses autres cultures européennes que je ne citerai pas", a noté le politologue.

Pour M. Pavlovski, l'antisémitisme, qui est une "manifestation d'ignorance" et un "défaut d'éducation", reste pourtant insuffisamment étudié en Russie et dans les pays d'ex-URSS.

"Quant à la Russie, à l'Ukraine et les autres pays issus de l'URSS, de très graves lacunes existent dans ce domaine. Le fait est que nous n'avons jamais eu de débats sur l'Holocauste, à l'époque soviétique et après. Ce génocide, qui est débattu jusqu'à nos jours dans les pays d'Europe et aux Etats-Unis, n'a pas été étudié en Russie. Nous avons souvent du mal à identifier ce phénomène lorsqu'il réapparaît", a estimé le politologue.

Sergueï Markov, membre de la Chambre publique de la Fédération de Russie et directeur de l'Institut d'études politiques, est d'accord pour dire que l'antisémitisme recule dans le monde entier.

"Des réalités objectives sont à l'origine du recul de l'antisémitisme. En Russie, l'antisémitisme a cédé ces derniers temps le terrain aux formes anti-caucasiennes de xénophobie. A l'instar des Etats-Unis, où il a reculé sous la poussée des xénophobies anti-arabes et antimusulmanes. Voilà pourquoi il n'est plus tellement répandu dans le monde", a indiqué M. Markov dans un entretien à RIA Novosti lundi.

L'antisémitisme fait aussi place à des xénophobies antichinoises, a estimé le politologue.

"La vivacité de l'antisémitisme s'explique par le fait qu'il s'agit de la forme la plus répandue de xénophobie. Ajoutez-y le fait que les gens croient à l'existence d'une sorte de complot judéo-maçonnique. L'idée de ce complot reste des plus répandues à ce jour", a expliqué M. Markov.

Le fait que les Juifs réussissent souvent dans les affaires, les médias, la science, la culture contribue également à la prolifération de l'antisémitisme dans le monde, a-t-il ajouté.

"D'autre part, d'aucuns affirment que l'Holocauste n'a jamais existé et que celui-ci a été inventé par les Juifs". Certains mettent en doute les répressions, les autres considèrent qu'elles auraient été inspirées par les Juifs eux-mêmes et que l'Holocauste leur a profité". Du point de vue de ces négationnistes, l'Holocauste aurait eu pour vocation de consolider la nation juive, a avancé le politologue.

Pour lutter contre l'antisémitisme, M. Markov a insisté sur la nécessité de promouvoir l'amitié entre les peuples et l'éducation civique.

"A défaut d'éducation civique, qui était développée dans notre pays par les mouvements de pionniers et les Jeunesses communistes, cette niche sera inévitablement occupée par des phénomènes sauvages", a ajouté M. Markov.

Valeri Tichkov, président de la Commission de la Chambre publique pour la tolérance et la liberté de conscience, estime également que la situation autour de l'antisémitisme dans le monde et en Russie s'améliore.

"Pour ce qui est de l'antisémitisme, ces quinze dernières années la situation dans ce domaine s'est améliorée dans notre pays. L'antisémitisme qui existait en URSS au niveau officiel a été surmonté. La situation autour de ce phénomène est à présent meilleure qu'en URSS et n'a rien à envier à de nombreux pays démocratiques", a-t-il indiqué à RIA Novosti.

En Russie, a poursuivi M. Tichkov, il n'y a pas de politiques ni d'historiens qui mettent en cause le massacre des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.

"Je ne connais pas de tels politiques dans notre pays. Certains historiens en Occident nient l'Holocauste mais en Russie, nous n'avons pratiquement aucun chercheur de ce genre", a ajouté M. Tichkov.

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