La route reliant le nord du Liban et sa capitale au sud du pays est littéralement inondée par des milliers de voitures. Les embouteillages s'y multiplient. Les gens regagnent leurs foyers en dépit de l'angoisse qui les tiraille toujours.
"Je suis prudent quant à l'actuel cessez-le-feu. Tant que les troupes israéliennes resteront dans le sud du Liban, la résistance à l'occupation ne cessera pas. Quoi qu'il en soit, j'espère bien que les hostilités n'auront plus l'envergure qu'elles ont eue jusqu'ici", a déclaré au correspondant de RIA Novosti Hussein Jaafar, instituteur du village de Zrarya dans le sud du Liban, rentrant chez lui.
Pendant plus d'un mois, il s'est caché de la guerre avec sa famille dans la ville chrétienne de Bikfaya, située dans la montagne à l'est de Beyrouth. Et dès que la moindre possibilité s'est présentée, il a pris le chemin du retour.
"Comme il est à présent impossible de se procurer de l'essence au Liban, je n'ai pas bougé pendant toute une semaine, économisant chaque goute de carburant afin d'en avoir assez pour pourvoir rentrer à la maison", raconte l'enseignant libanais.
Hussein Jaafar ne sait même pas si sa maison est restée intacte. Néanmoins, il est ferme dans son intention de revenir dans son village envers et contre tout. Mais il y va, il est vrai, seul.
"Mes enfants ont voulu, eux aussi, venir avec moi, mais pour l'instant je les ai laissés avec ma femme. Seuls les hommes y vont pour le moment", indique M. Jaafar, montrant trois autres Libanais dans sa voiture.
Et d'avouer qu'au cours de ce dernier mois, il est devenu très nostalgique de son village natal, comme s'il avait été absent une année entière.
Dès lundi matin, dans tous les endroits de rassemblement massif de réfugiés au Liban, une atmosphère d'animation a régné. La cour d'une école dans le quartier de Mousaytbé à Beyrouth-Ouest en est un. La rue d'en face grouille de monde, faisant la navette et chargeant leurs modestes biens à bord de voitures.
Alors que les adultes se préparent au départ, les enfants, dirigés par une jeune volontaire qui a aidé les réfugiés tout au long de ce mois de guerre, chantent un hymne victorieux retransmis plusieurs fois par jour par Al-Manar, chaîne de télévision libanaise contrôlée par le Hezbollah.
"C'est avec impatience que nous attendons avec ma femme la fin de nos préparatifs de voyage pour rentrer enfin chez nous", affirme Mohammed Zalzala, habitant de la banlieue sud de Beyrouth.
Cela fait une semaine que Mohammed a été pour la dernière fois dans son quartier, son appartement était encore intact, mais il ne restait rien de son magasin. Il ne sait pas si sa maison tient encore, mais il prend avec lui sa femme et ses enfants.
"Je pense que le cessez-le-feu sera respecté, du moins dans les quartiers au nord du Litani", dit-il.
Les destructions causées par l'armée israélienne au Liban, la mort qu'elle a semée parmi les civils innocents, les femmes et les enfants, ont monté contre Israël une bonne partie de la communauté internationale, pense Mohammed.
"Israël est évidemment obligé de compter avec cela. C'est pourquoi je ne pense pas qu'il poursuive ses bombardements sur Beyrouth", ajoute-t-il, lui qui habite le quartier qui abritait avant la guerre le Q.G. du Hezbollah.
Israël a perdu cette guerre, estime le Beyrouthin. Son armée peut encore poursuivre pendant un certain temps ses opérations dans le sud du Liban, mais cela ne changera rien à la donne.
"Les troupes israéliennes seront contraintes finalement de se retirer du sud du Liban comme elles en étaient déjà parties en 2000. Il ne leur reste tout simplement rien d'autre à faire", lance Mohammed Zalzala, en démarrant sa voiture.