MOSCOU, 6 mai - RIA Novosti. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifié de sacrilège la déclaration du vice-président américain Dick Cheney qui affirme que le gouvernement russe sape l'intégrité territoriale de ses voisins.
"Au début des années 1990, des soldats de paix russes ont payé de leur vies l'arrêt de l'effusion de sang en Géorgie et en Moldavie, sauvant ainsi l'intégrité territoriale de ces Etats", a indiqué le ministre dans son interview aux médias électroniques et dont le texte a été publié samedi sur le site web du MAE russe.
"L'oublier serait à mon avis commettre un sacrilège", a-t-il ajouté.
"Je croyais que l'homme qui occupe un poste aussi important possède des renseignements objectifs mais, selon toute vraisemblance, il a dû être mal informé par ses assistants", a souligné le ministre russe commentant les propos de M. Cheney à un forum à Vilnius, selon lesquels les "adversaires des réformes russes tentent maintenant d'effacer les réalisations des années 90".
"Je pense qu'il ne faut pas expliquer en détail au peuple russe la nature de ces réalisations qui avaient mis le pays au bord de l'effondrement", a indiqué le ministre.
"Ce qui est accompli par les dirigeants russes aujourd'hui tend à préserver la Russie comme un Etat uni, intégral et fort, dans l'intérêt de ses citoyens", a-t-il ajouté.
Donnant son avis sur la déclaration de M. Cheney qui dit qu'aucun intérêt légitime ne saurait justifier le recours par la Russie au pétrole et au gaz en tant qu'"outil de chantage et d'intimidation", Sergueï Lavrov a rappelé que des déclarations pareilles avaient été déjà faites par certains politiques d'un rang inférieur. "Mais le vice-président des Etats-Unis doit être au courant du fait que ces 40 dernières années notre pays, ni l'URSS, ni la Russie, n'a violé aucun contrat de livraison de pétrole et de gaz à l'étranger", a indiqué le chef de la diplomatie russe.
"Mais je suis d'accord avec M. Cheney qui dit que le monde doit être une communauté des démocraties souveraines", a poursuivi Sergueï Lavrov.
"La Russie veut devenir une démocratie souveraine, forte et stable et elle la devient, mais elle compte aussi qu'elle sera perçue en tant que telle sur la scène internationale et aussi en tant que partenaire égal en droit sans la participation duquel aucun problème global ne peut être réglé aujourd'hui", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères.
"J'estime que de tels propos ne torpillerons pas les efforts que nous déployons avec les Etats-Unis, l'Europe et les autres grands pays dans le but d'édifier un monde équitable et sans conflits, où tous les pays se développeront dans la stabilité et la démocratie. Car la démocratie est nécessaire non seulement à l'intérieur d'un Etat mais aussi sur la scène internationale. Tâchons donc de ne pas l'oublier", a conclu Sergueï Lavrov.