par Iouri Zaïtsev, expert à l'Institut des recherches spatiales de l'Académie des sciences de Russie
Le potentiel du groupe d'appareils nationaux s'est ainsi accru de plus de trois fois et demie.
Le nouvel appareil, Express AMZ, mis sur l'orbite géostationnaire à 140° de latitude Est, est appelé à fournir des services de qualité et facilement accessibles de télévision et radio numériques, de multimédia, ainsi que de transmission de données à l'intention des utilisateurs de la Sibérie, de l'Extrême-Orient russe et des pays d'Asie et d'Asie-Pacifique. Les quatre satellites Express AM orbitalisés antérieurement à 40°, 53°, 80° et 96,5° de latitude Est sont déjà en service et fonctionnent bien.
Le programme d'orbitalisation des cinq nouveaux appareils a coûté 770 millions de dollars. L'Etat n'a financé que la fusée porteuse et les frais de lancement, soit 40% environ de la totalité des dépenses. Le reste a été fourni par des sources extrabudgétaires qui ont payé la construction des appareils et de l'équipement de bord. Les constructeurs comptent rentrer dans leurs frais dans cinq ans et demi. Pendant cette période, ils doivent rembourser les capitaux empruntés, payer les intérêts et il doit leur rester une certaine somme qu'ils pourront employer à l'élaboration de nouveaux satellites.
Rappelons qu'en 1999 le groupe orbital russe de satellites de télécommunications en état de fonctionnement ne comptait que sept Horizont fabriqués dans les années 1970, dont certains avaient épuisé leur ressource de vie, deux Express relativement neufs et un vieil Ekran-M. D'autre part, le délai accordé à la Russie pour occuper les positions orbitales autorisées par les accords internationaux touchait à sa fin. Cela signifiait qu'en cas d'absence de satellites à ces endroits de l'orbite géostationnaire, la Russie perdrait le droit à l'orbitalisation et aux fréquences qui pourrait être cédé à d'autres pays.
La situation dans le domaine des télécommunications spatiales russes était si grave que le parlement a procédé à des auditions sur ce problème et que le gouvernement a adopté promptement un "Programme de soutien public d'urgence à la sauvegarde, à la complémentation et au développement des systèmes de télécommunications par satellites d'importance nationale". Pour remplir ce programme cinq satellites géostationnaires civils ont été lancés avant 2003 et le groupe orbital comptait désormais 12 appareils. Un satellite géostationnaire a ceci de particulier qu'il ne tourne pas autour mais avec la Terre, à la même vitesse angulaire que la planète, si bien qu'un observateur terrestre a l'impression qu'il reste suspendu à un point fixe et représente de ce fait une antenne réceptrice-émettrice haute de 36 000 km.
En décembre 2003 la Russie a lancé le premier des cinq appareils géostationnaires de nouvelle génération, Express-AM, élaboré en commun par les constructeurs russes et la société française Alcatel Space qui a réalisé les équipements de communication. En 2004 et 2005, quatre autres appareils de la même série ont été orbitalisés, deux par an.
"La réalisation du Programme de renouvellement du groupe spatial national 2001-2005 ouvre une nouvelle page de l'histoire des télécommunications satellitaires russes", souligne le directeur général adjoint de l'entreprise publique Russian Satellite Communication Company —RSCC, Youri Izmaïlov. "Les conditions nécessaires ont été réunies et les bases techniques ont été jetées pour développer le marché des services des réseaux de télévision et de radio numériques, de multimédia par satellite sur la base des techniques VSAT et réaliser des projets d'enseignement à distance et d'assistance médicale par télévision sur tout le territoire de la Russie. Les particularités des réseaux satellitaires existants et les desiderata des nouveaux utilisateurs ont été pris en considération. Avant le lancement du cinquième appareil, Express AMZ, nous avons constaté que les représentants des pays d'Asie-Pacifique prêtaient un vif intérêt qui nous a décidé de commercialiser une partie de sa ressource sur les marchés asiatiques", a raconté Youri Izmaïlov.
En 2007, deux autres appareils Express AM seront lancés. Ils auront chacun un nombre accru de transpondeurs. Dans le cadre du programme spatial fédéral de la Russie quinze nouveaux satellites de télécommunications doivent être orbitalisés entre 2006 et 2015, un ou deux par an.
RSCC étudie aussi la possibilité d'exploiter des appareils spatiaux de télécommunications de classe moyenne qui seraient emportés dans l'espace avec de gros satellites, comme charge utile associée, ou bien par groupe de trois à quatre appareils par des fusées Proton depuis le cosmodrome de Baïkonour ou un par un par des fusées Soyouz-2 équipées d'un booster Fregat depuis le pas de tir de Plessetsk. Il y a aussi des projets de petits appareils spatiaux de télécommunications qui peuvent être utilisés comme engins de secours en les déplaçant sur l'orbite pour remplacer les appareils principaux défaillants. Ils seront orbitalisés par des lanceurs légers.
Un projet de satellite de nouvelle génération destiné à la diffusion directe d'émissions de radio et de télévision en remplacement d'Ekran-M, qui a déjà dépassé sa durée de vie, est également à l'étude. Il nécessitera une modernisation de l'infrastructure terrestre et sa conversion en numérique, ce qui est une tâche plus simple, plus efficace et plus avantageuse que de lancer de nouveaux Ekran-M obsolètes ou d'autres appareils qui ont fait leur temps.