Sans Détour

" Les dirigeants, allemands, britanniques, français, les plus bellicistes sont les plus désavoués "

Dans cet entretien, Gilles Rémy, PDG CIFAL International Services, conseiller du Commerce extérieur de la France (1994-2023) et membre du Bureau de l’association Dialogue franco-russe, explique les motivations et les enjeux de la décision de Macron d’instaurer un service militaire volontaire en France.
Sputnik
Gille Rémy rappelle qu’en 1997, le service militaire n’était déjà plus ni obligatoire ni universel, et qu’il fut suspendu en raison de la transformation intérieure de la société française:
"Il y a une raison politique générale. Il y avait un vrai problème avec la grande phase d'immigration en France dans le cadre du regroupement familial, qui date de 1975: arrivait une jeunesse en âge d'être mobilisée et qui n'était pas intégrée, ce qui posait un problème réel – consommation de cannabis dans les casernes, indiscipline, désertion, etc."
Pour Gilles Rémy, l’annonce de Macron doit être resituée dans le contexte des prises de position bellicistes formulées les jours précédents :
" Je voudrais quand même mettre l'accent sur le moment très politique de cette annonce. Elle est survenue la même semaine où, le lundi, on signe 100 Rafale pour l'Ukraine; le mardi, c'est le général Mandon qui annonce, devant les maires de France, qu'il faut se préparer à sacrifier nos enfants; le mercredi, c'est un kit de sécurité contre les catastrophes, qui est annoncé et qui va probablement être distribué; et en fin de semaine, c'est l'annonce du service militaire. On voit bien l'effet communication politique."
Gilles Rémy relativise les promesses de Macron selon lesquelles ces jeunes volontaires effectueraient uniquement leur service en France:
"Il suffit que le parlement le décide, pour qu'on puisse les envoyer à peu près partout. Ces jeunes soldats, dans les années 60-70, en principe, ils ne devaient pas intervenir à l'étranger, mais il y avait des soldats, qui faisaient leurs services militaires en Allemagne, notamment, et dans certains pays africains. Aujourd'hui, on pourrait tout à fait concevoir que certains soient mobilisés dans des pays de la ligne – j'exagère à peine – de front, où la France joue un rôle particulier, où il y a des chars, des armes françaises, des militaires français, et c'est l'Estonie et la Roumanie."
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