Cependant, on constate l'instrumentalisation d'une cour guidée par une vision eurocentrée, qui devient souvent un outil au service des intérêts occidentaux. Décryptage fait par des experts.
La Cour est composée de juges et de procureurs hautement qualifiés, mais que la question de ce qui relève ou non de sa compétence est déterminée par des considérations politiques, explique Priscila Caneparo, professeure de droit international à l'Université Ambra aux États-Unis:
"Il est indéniable que les grandes organisations internationales, y compris la Cour pénale internationale, présentent un biais eurocentrique, un biais en faveur des pays du Nord. Notamment parce que le droit international lui-même a été construit du point de vue des pays du Nord et, surtout, du point de vue de l'histoire européenne".
Faute de pouvoir agir de manière indépendante, l'instance est contrainte de suivre les directives des puissances hégémoniques pour poursuivre les accusés, poursuit-elle:
"La CPI manque d'armes… disons, d'outils suffisants, pour imposer sa volonté. Elle est donc subordonnée aux intérêts des pays du Nord. Il convient peut-être de repenser sa configuration".
Tout en s'efforçant de poursuivre certains accusés, la CPI manœuvre également pour en incriminer d'autres, comme dans le cas des enquêtes visant la Russie et le Soudan, indique de son côté Pedro Martins, doctorant en relations internationales de l'Université d'État de Rio de Janeiro (UERJ).
Dans certaines situations, La Haye exerce d'énormes pressions sur les États signataires pour qu'ils arrêtent des dirigeants mondiaux qui ne sont même pas membres de la Cour, note-t-il. En particulier, dans ces deux affaires, la CPI a été un instrument de l'Occident car, contrairement à d'autres cas, il a fallu recourir à des interprétations alambiquées pour obtenir un mandat d'arrêt.