La présidentielle US, un "héritage de l'époque esclavagiste"

Le principe antidémocratique de l'élection présidentielle américaine est un héritage de l'époque esclavagiste, estiment deux professeurs des relations internationales auprès de Sputnik, alors qu'il ne reste que trois semaines jusqu'à la présidentielle aux États-Unis.
Sputnik
Les États-Unis, qui se veulent "champions de la démocratie", organisent leur 60e présidentielle, le vote populaire est prévu pour le 5 novembre. Contrairement à de nombreux pays, le Président n'y est pas élu au suffrage direct et celui qui obtient le plus de voix lors du vote populaire, ne remporte pas forcément le scrutin. Ce principe est hérité de l'époque de l'esclavage, ont déclaré deux experts à Sputnik.

Collège électoral vs vote populaire

Le système de vote indirect crée un écart entre les résultats du vote populaire et celui des grands électeurs, rappelle à Sputnik Carlos Eduardo Martins, spécialiste du Conseil latino-américain des sciences sociales (CLACSO) et professeur associé à l'Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ).
Sur les 50 États américains, seuls deux disposent de lois déterminant la répartition proportionnelle des votes des grands électeurs. Dans les 48 autres Etats, "celui qui obtient 51% des voix lors du vote populaire, reçoit les voix de tous les membres du Collège électoral".
"Ainsi, dans certains cas, un candidat remporte la victoire [lors du vote populaire-ndlr], mais n'est pas élu par le Collège électoral", note M.Martins.
Par exemple, en 2000, Al Gore recueilli la majorité des suffrages populaires sur l'ensemble des États (plus de 500.000 voix d'avance), mais c'est George W.Bush qui a été proclamé Président.
En 2016, la candidate démocrate Hillary Clinton a remporté le vote populaire, mais a perdu face à Donald Trump lors du vote du collège électoral.

Un système conçu pour favoriser le vote des Blancs

Le Collège électoral a été créé à l’époque de l’esclavage pour empêcher les États du Sud, qui comptaient un grand nombre d’esclaves n’ayant pas le droit de vote, d’être pleinement représentés au sein du pouvoir exécutif fédéral.
"On calculait le nombre de grands électeurs en convertissant ce nombre en poids démographique proportionnel de l'État, mais le droit de vote de la population exclue n'a pas été reconnu", a expliqué l'expert.

Oligarchie américaine

Pour mener leur campagne électorale, les candidats à la présidence américaine doivent choisir le type de financement: public ou privé, note Roberto Goulart Menezes, professeur de relations internationales à l'Université de Brasilia (UnB).
"Et de tels financements privés répondent bien entendu aux intérêts des grands groupes économiques, voire des sponsors individuels", estime l'analyste.
"Le financement privé des campagnes électorales est absolument essentiel au résultat des élections", confirme Carlos Eduardo Martins.
"Aux États-Unis, environ 400 foyers assurent plus de la moitié des frais de campagne. Ce sont ces familles qui décident qui sera élu et qui ne le sera pas", poursuit-il.
"Ce n'est donc pas pour tout le monde, c'est un système capitaliste et oligarchique qui soutient des structures qui limitent la capacité de la population à influer directement sur ses représentants", conclut l'expert.
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