Afrique en marche

Mini-krach boursier: "Depuis la crise de 2008, c'est encore pire, rien n'a été réglé"

Dans ce numéro de L’Afrique en marche, deux économistes français, Hélène Clément-Pitiot et Renaud Bouchard, analysent le fonctionnement du système financier et monétaire international qui porte dans son ADN la génération de graves crises financières depuis des décennies, à l’image de la chute des bourses la semaine dernière.
Sputnik
"La chute des bourses mondiales occidentales la semaine dernière est un épisode de plus qu’un film que nous avons l’habitude de voir depuis les crises qui ont suivi la mise à mort du système de Breton Woods le 15 août 1971 par les États-Unis, quand le président Richard Nixon a découplé l’or du dollar", affirme à Radio Sputnik Afrique Hélène Clément-Pitiot, économiste française, chercheuse au Centre d'étude des modes d'industrialisation de l'École de Guerre Économique (EGE), à Paris.
Et de rappeler "à titre d’exemples les crises de 1997, dans le sud-est asiatique, et la crise LTCM des bons du Trésor russe en 1998. Toutes ses crises sont provoquées par la finance folle qui a siphonné la plus grande part des capitaux mondiaux pour alimenter sa machine spéculative au détriment de ce qui permet la vie normale aux populations, à savoir l’industrie, l’agriculture, l’école, le laboratoire et la santé".
Dans le même sens, elle affirme que "depuis la crise de 2008, c'est encore pire. Rien n'a été réglé. On est en permanence dans un numéro d'équilibriste des banques centrales. On va toujours un peu plus loin dans la création monétaire. En fait, il faut comprendre qu'elle sert à alimenter la spéculation contenue dans des réseaux contrôlés par des acteurs qui se partagent les richesses du monde. Et jusqu'à présent, ces acteurs avaient l'impression de disposer d'une sorte de martingale au sein d’une économie transformée en casino".

Pour Renaud Bouchard, juriste et docteur en économie diplômé de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, cette dernière crise "met en évidence encore une fois ce que les économistes qui ne prient pas dans la chapelle du système dénoncent depuis des années, à savoir l’inexistence d’une vraie politique monétaire des banques centrales occidentales, notamment la FED et la BCE. L’inflation que les politiques d’assouplissement quantitatif irresponsables des Banques centrales génèrent à cause de la déconnexion de la sphère financière de la réalité n’est même pas mesurée avec rigueur. Le fait est que les méthodes utilisées pour évaluer le niveau de l’inflation sont complètement obérées par toutes circonstances actuelles".

Dans la situation actuelle, estime Renaud Bouchard, "l’Afrique a tout à gagner en s’arrimant à la dynamique de développement des BRICS qui viennent de dépasser le G7 en parité de pouvoir d’achat. Il y a des signes d’optimisme pour l’Afrique ou de nouveaux systèmes bancaires locaux, comme celui annoncé par les pays de l’AES, ils sont en train de se mettre de plus en plus en place et sur des bases nouvelles et solides. L’autre note d’optimisme est donnée par le désir de créer des fonds souverains promis à un rôle crucial dans le développement des économies nationales africaines souveraines, axées sur la promotion de la production et de la formation de haut niveau notamment en coopération avec des universités russes".
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