Afrique en marche

Deux experts français font le bilan des 27 mois d’opération militaire spéciale russe en Ukraine

Xavier Moreau, fondateur du centre d’analyses politico-stratégiques Stratpol, et Cyrille De Lattre, commandant de bord français à la retraite et analyste géopolitique, dressent le bilan de l’opération spéciale militaire russe en Ukraine. Selon eux, la Russie sort victorieuse aussi bien sur les plans militaire et stratégique qu’économique et social.
Sputnik
"Depuis fin juin et début juillet 2022, l’état-major de l’armée russe et les autorités du pays ont compris que l’Otan était déterminée à se battre en Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien", affirme à Radio Sputnik Afrique Xavier Moreau, fondateur et directeur du centre d’analyses politico-stratégiques Stratpol. "Ainsi, étant donné les moyens militaires dont elle disposait en supériorité écrasante, l’armée russe a adopté la stratégie du rouleau compresseur pour détruire systématiquement et méthodiquement tout le potentiel militaire de l’Ukraine, fourni en grande partie par ses soutiens occidentaux", souligne-t-il.
Et d’ajouter qu’en "mobilisant près de 8% de son PIB et après plus de deux années d’opération spéciale militaire, la Russie n’est toujours pas entrée en économie de guerre et son industrie, notamment militaire, continue de fonctionner à un rythme très élevé. La croissance du PIB russe est soutenue de l’opinion de tous les experts sérieux, y compris ceux du FMI, qu’on ne peut pas soupçonner de sympathie à l’égard de la Russie. Dans ce contexte, l’armée russe vient d’élargir le front en lançant une offensive sur Kharkov, obligeant l’Ukraine à mobiliser jusqu’à 30.000 hommes parmi leurs meilleures troupes pour tenir cette ville. C’est ce qui explique les attaques désespérées contre les radars russes d’alerte précoce dans le seul but de rechercher le buzz médiatique".
De son côté, Cyrille De Lattre, commandant de bord français à la retraite et analyste géopolitique, explique que "les chasseurs-bombardiers américains de type F-16, promis en 2024 et 2025 par les alliés des Américains au sein de l’Otan, ne sont toujours pas arrivés en Ukraine" et que "leur livraison ne changera en rien le rapport de force en faveur des ukrainiens face à l’armée russe".

Et pour cause, selon lui, "le F-16 est un avion fragile, qui est fait pour être opéré à partir de pistes propres. Il ne faut pas compter le faire décoller d’une autoroute sans que celle-ci ait été nettoyée avant, ou d’une piste non préparée. Et pour cause, le F-16 a une entrée d’air relativement basse, et lors de la mise en puissance pour le décollage, l’ingestion de débris, même petits, peut avoir des conséquences dramatiques sur le réacteur, d’où la nécessité de pistes de 2.500 mètres, dont les aérodromes de l’Ukraine ne disposent pas".

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