La raison de l'incidence élevée des naissances gémellaires (environ 50 sur 1.000) pourrait être la plante de gombo, ou plutôt sa variété spécifique qui pousse en ville, ainsi que la façon dont elle est préparée, a déclaré à Sputnik Afrique Friday E. Okonofua, professeur de gynécologie de l'Université de Bénin, au Nigéria.
Lui et son équipe ont mené une étude à Igbo-Ora, incluant des entretiens approfondis et des réunions avec des dirigeants communautaires et des sondés.
"D'après les études que nous avons menées à Igbo-Ora, ils [les habitants] pensent que cela est dû à leur consommation d'un certain type de légume, appelé gombo. [...] Le gombo est consommé partout au Nigeria, mais ils disent qu'il y existe une variété spécifique qu'ils ont à Igbo-Ora. Et il y a aussi une méthodologie [particulière] qui conduit au jumelage. [...] La soupe doit être préparée en utilisant de l'eau qui vient d'un puits à Igbo-Ora. On pense donc que c'est ce qui en est la cause", a expliqué l'expert.
L'équipe a décidé de vérifier si le gombo avait réellement des propriétés particulières grâce à des expérimentations animales. Ils en ont ajouté au régime alimentaire d’un groupe d’animaux, sous la même forme avec laquelle les locaux le consomment, tandis que l’autre groupe suivait un régime alimentaire différent.
"Nous avons découvert que lorsqu'ils étaient accouplés, les animaux nourris au gombo avaient plus de bébés, avaient plus de naissances par rapport à ceux nourris en régime normal", a indiqué le professeur.
Cependant, comme l’a noté Okonofua, les recherches ne sont pas encore terminées. Il est désormais crucial d’identifier quels éléments chimiques de la plante affectent la fertilité.
"Si nous parvenons à faire cette découverte, cela changera le visage de la fertilité dans le monde", a déclaré le médecin, appelant à une collaboration accrue avec d'autres institutions universitaires.
On pensait auparavant que le "baby-boom double" était influencé par une autre plante, l’igname. Cependant, selon le professeur, l'igname n'a rien à voir là-dedans, car le légume est consommé dans tout le pays, mais "il n'y a pas d'autres régions au Nigeria avec des taux de jumeaux similaires" à l'exception d'Igbo-Ora.
Les scientifiques étudient également la génétique comme facteur contributif potentiel. Des études épigénétiques sont actuellement menées. Ils n'ont pas encore trouvé de lien avec ces facteurs, mais il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives, a expliqué M.Okonofua.
Naissances multiples, problèmes multiples
Les grossesses gémellaires et la fécondité généralement élevée dans le pays posent cependant certains problèmes, a ajouté le professeur.
"Les naissances multiples entraînent de nombreux défis pour le système de santé en termes d'incidence d'accouchements prématurés, de bébés plus petits [...] et de bébés qui ne sont pas très forts au moment de la naissance. Le Nigéria a actuellement l'un des taux de naissances périnatales et de mortinatalités les plus élevés dans le monde", a-t-il révélé.
Selon le professeur, un moyen important de réduire le taux de natalité et ainsi d'alléger le fardeau du système de santé passe par l'autonomisation des femmes, ce qui implique d'augmenter le niveau d'éducation des jeunes filles et d'éduquer les femmes sur la planification familiale.
"Une fois que les femmes sont autonomisées, elles ont les connaissances nécessaires pour utiliser la planification familiale et parler par eux-mêmes", a conclu Friday E. Okonofua,directeur du Centre d'excellence en innovation en matière de santé reproductive au Nigéria.