La forme actuelle du Pacte numérique mondial de l'Onu, en voie d'élaboration, risque de porter préjudice aux intérêts des pays du Sud global. La Russie cherche à l'éviter en participant activement aux discussions, a déclaré ce samedi 25 mai à Sputnik Artout Lioukmanov, directeur du département de la Sécurité informatique internationale au sein du ministère russe des Affaires étrangères.
"L'idée de créer un document qui réglementerait les principes de développement du domaine numérique est bonne. Mais de nombreuses questions se posent quant à sa mise en oeuvre. Nous y voyons une volonté de consolider la domination des sociétés informatiques occidentales au détriment des intérêts du Sud global", indique le responsable.
En effet, le projet, qui pourrait être adopté en septembre prochain, lors du Sommet du futur, tente d'assimiler les États aux organisations non gouvernementales dans la régulation de l'espace de l'information, a-t-il expliqué.
"Un document aussi sérieux ne peut être adopté à la hâte. D'autant plus que son texte actuel ne convient pas à la Russie ni à la plupart des pays en voie de développement", souligne M.Lioukmanov.
Moscou et ses partenaires cherchent à éliminer "les mines" posées dans le texte du Pacte. Ils défendent une approche traditionnelle, insistant sur "l'égale participation des pays à la gouvernance d'Internet et sur la résorption de la fracture numérique entre pays développés et pays en développement", conclut le responsable.
Pacte numérique de l'Onu
Le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres a lancé l'idée du Pacte numérique mondial en 2021, publiant le rapport Notre Programme Commun. Le projet est censé "définir les principes partagés pour un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous", selon l'Onu.
Les négociations n'ont commencé que trois ans après l'annonce du projet après la publication du texte en avril dernier.
Malgré cela, M.Guterres envisage de faire adopter le texte lors du prochain Sommet du futur, déplore encore Artour Lioukmanov.