Afrique en marche

Énergie verte en Europe: "le pilier de cette politique c’était le gaz russe abondant et bon marché"

Dans cette édition de L’Afrique en marche, le Dr Mohamed Achir, économiste algérien, évoque les enjeux économiques et géo-économiques du sommet des chefs d’État du Forum des pays exportateurs de gaz qui se tiendra du 29 février au 2 mars à Alger. Selon lui, il y aura des "discussions sérieuses sur le rétablissement des contrats à longs termes".
Sputnik
"Le sommet des chefs d’État du Forum des pays exportateurs de gaz qui se tiendra du 29 février au 2 mars à Alger est très important à plus d’un titre", affirme à Radio Sputnik Afrique le Dr Mohamed Achir, économiste et enseignant à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, en Algérie. "Il y a avant tout la question de la stabilisation des prix à des niveaux permettant aux pays exportateurs de faire des profits convenables. Afin de leur permettre, en tout cas pour ceux dont les revenus en devises proviennent essentiellement des exportations d'hydrocarbures, de financer les besoins de consommation et de développement de leurs populations et d’assurer également les fonds nécessaires pour l’investissement dans le renouvellement des réserves et le développement de nouveaux gisements", souligne-t-il.
Et d’ajouter qu’"il serait également question, dans le contexte des grandes perturbations qu’a connu le marché mondial du gaz suite à la pandémie de Covid-19, puis à la crise ukrainienne, de discussions sérieuses sur le rétablissement des contrats à longs termes, qui permettent une visibilité nettement supérieure aussi bien aux pays exportateurs qu’importateurs et consommateurs. Dans ce sens, le cas des pays européens est édifiant".
En effet, selon lui, "l'Europe, qui jouissait pendant des années de la sécurité énergétique grâce à l’abondance du gaz russe bon marché dans le cadre de contrats à longs termes, s’est faite piégée suite au sabotage des gazoducs Nord Stream I et II. Actuellement, notamment l’Allemagne, elle est obligée de se tourner vers le gaz de Schiste américain liquéfié, au moins quatre fois plus cher que le gaz russe, transportable des États-Unis uniquement par méthaniers vers des stations de regazéification dont elle ne dispose pas actuellement en nombre suffisant. En plus du fait que le gaz américain n’est rentable qu’à des prix élevés, ce qui complique encore la position de l’Europe, qui ne peut pas compter sur les Américains pour la fournir à un prix raisonnable, notamment pour le maintien de sa puissance industrielle".

Dans le même sens, l’interlocuteur de L’Afrique en marche indique que "la politique de transition énergétique vers les énergies renouvelables à zéro émission de carbone, lancée il y a quelques années en Europe, est encore loin, même au-delà de 2050, de pouvoir se substituer aux hydrocarbures. D’une part, à cause de leur cherté, qui est responsable pour une bonne part de l’inflation qui frappe les pays européens ayant lancé ces politiques. D’autres part, et il faut bien se rendre à l’évidence que ce que les Européens, en particulier les Allemands, appellent les énergies renouvelables alternatives comme le photovoltaïque et l’éolien étaient secondées à 70% de leur production électrique par des centrales à gaz alimentées par les gazoducs Nord Stream I et II, avant leur sabotage. Autant dire, qu’en réalité le pilier de cette politique c’était le gaz russe abondant et bon marché".

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