Le chef d’État est le gardien de la Constitution, a rappelé Abdou Mbow. Le Président a constaté des "dysfonctionnements graves dans la pratique électorale", notamment la double nationalité de certains candidats et des contestations sur le parrainage.
Ensuite, "il y a eu des soupçons de corruption au niveau du Conseil constitutionnel, des accusations graves sans précédent qui ont abouti à la mise sur pied d'une commission d'enquête parlementaire sur la demande d'un groupe parlementaire de l'opposition", a ajouté le haut responsable.
"Tous ces faits n'ont pas laissé insensible le Président de la république, qui n'a pas le pouvoir de reporter une élection présidentielle, mais il a fait un décret pour d'abord abroger le décret qui a convoqué le collège électoral pour que d'abord les choses s'arrêtent et qu'on puisse aller vers des vérifications sérieuses", a poursuivi M.Mbow.
Après la proposition de loi par un parti de l’opposition, "l'Assemblée nationale souveraine a décidé de reporter l'élection présidentielle pour fin décembre", a-t-il indiqué.
Et de rappeler: "Le Président de la république a rappelé que lui ne se présente pas à autre mandat. Donc cette personne n'est pas là pour chercher un autre mandat, ou bien s'éterniser au pouvoir".
De plus, l’Assemblée nationale est un pouvoir législatif qui peut modifier la loi constitutionnelle, a souligné Abdou Mbow. La loi constitutionnelle peut apporter une dérogation à l'application d'un article sur une séquence temporaire. C’est ce qui s’est passé avec l’article qui décale la date de la présidentielle.
Débats houleux à l’Assemblée
Quant à l’évacuation par la force des députés de l’opposition aux moments des débats, cette mesure a été nécessaire pour permettre le bon travail des députés, a signalé le vice-Président. Elle a été prise en conformité avec les règles de l’Assemblée.
"Les députés de l'opposition ont tout fait pour bloquer les travaux de l'Assemblée nationale. Le président a agi en toute légalité et de midi à 22 h [...] les députés de l'opposition ont utilisé des subterfuges, ont utilisé la violence en sabotant même le micro du président de l'Assemblée nationale, en agressant des députés", a remarqué M.Mbow.
"Nous déplorons cette tactique irresponsable des gens qui se disent des représentants du peuple, parce qu'à l'Assemblée nationale, c'est le débat qui doit primer, on doit se battre par la force des idées et non par la force et la violence", a-t-il conclu.
Une décision contestée
Macky Sall a annoncé le 3 février le report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février. La nouvelle est tombée à quelques heures de l'ouverture de la campagne et pour laquelle 20 candidats ont été validés par le Conseil constitutionnel.
Le Président sénégalais a promis d’engager un "dialogue national ouvert" et a répété qu’il n’avait pas l’intention de se représenter au scrutin. Des manifestations et des émeutes ont eu lieu ensuite dans le pays.
L'Assemblée nationale du Sénégal a adopté le 5 février à la quasi-unanimité des députés présents (105 voix pour et 1 contre) le projet de loi visant à repousser l'élection au 15 décembre 2024.