Ces armes russes, tactiques et stratégiques, qui ont façonné le champ de bataille en 2023 - vidéo

Cette année, la redoutable réputation des armes et équipements militaires de haute technologie de l’Otan s’est effondrée après s’être heurtée aux armements de Moscou. Sputnik a demandé à cinq experts militaires russes et américains leur avis sur les équipements russes utilisés en 2023.
Sputnik
En 2023, la performance des forces ukrainiennes armées et entraînées par l’Occident contre les positions russes fortement retranchées à Zaporojié, dans les régions de Zaporojié et de Kherson et dans le Donbass a brisé le mythe de la supériorité des armements de l’Otan dans une guerre de haute intensité. Plusieurs Leopard, Challenger, véhicules de combat d'infanterie Bradley et autres équipements blindés occidentaux ont ainsi été éliminés.

Système anti-aérien mobile Tor-M2

"Le système de défense aérienne Tor-M2 s'est distingué par son excellent travail d'élimination des drones ennemis. Selon les statistiques faites quotidiennement par le ministère russe de la Défense, les deux tiers des drones ennemis éliminés par l’armée russe ont été détruits par ce complexe. En d’autres termes, ce système a fait ses preuves et a confirmé toutes ses caractéristiques, se montrant capable d’abattre tout type de drone, aussi bien directement sur le front que dans les zones adjacentes", considère l’analyste russe Alexeï Leonkov interrogé par Sputnik.
Il a également donné une mention honorable aux systèmes russes de contre-batterie et de guerre électronique, qui, comme le Tor-M2, le Zoopark et d’autres armes de défense aérienne et antimissile, ont empêché l’armée ukrainienne de percer les lignes russes lors de sa dernière contre-offensive.

Char de combat T-90

Dans les plaines de Zaporojié et de Kherson, les blindés russes de 2e et 3egénération, notamment les T-72, T-80 et T-90, se sont imposés face aux chars de combat fabriqués par les pays membres de l'Otan, empêchant des percées de troupes ukrainiennes.
Le T-90 Proryv, le dernier cri de l’industrie russe de l’armement, mérite une mention spéciale. "Pour le moment, je pense que c'est le meilleur char du monde en termes de caractéristiques, et d’armement", a déclaré à Sputnik Roustem Kloupov, ancien officier du renseignement militaire soviétique et russe, vétéran des guerres d'Afghanistan et de Tchétchénie.
"Les tankistes qui combattent en utilisant ce char en font grand cas", a-t-il développé.
"Sa puissance de feu consiste en un canon de 125 mm capable de tirer des missiles à travers son canon. De plus, le système de protection active du char assure la capacité de survie. Il est sans prétention, maniable et au ras du sol, ce qui lui permet de rester invisible pour l’ennemi sur le champ de bataille jusqu’au dernier moment", a-t-il ajouté.

Drone Lancet

Sergueï Lipovoï, président du groupe d'anciens combattants des officiers de Russie, est convaincu que les drones en général et le Lancet en particulier, figure tout en haut de la liste des armes russes importantes en 2023.
"La première chose qui m'a impressionné, ce sont les drones, à la fois hélicoptères et avions, dont le Lancet, qui a fait ses preuves, ainsi que les petits quadricoptères qui ont été assemblés pratiquement dans des abris de tranchées. Il s’agit notamment des drones d’observation et kamikaze. Cela inclut également les soi-disant drones de frappe capables de larguer n'importe quelle munition", avance-t-il.
Pour Roustem Kloupov, le Lancet est également une arme tactique remarquable.
"Les Lancet ont commencé à être exploités avant 2023, mais c’est cette année-là que nous avons réalisé que nous étions entrés dans une nouvelle phase de la guerre. Il s’agit d’une guerre de drones et, par conséquent, les munitions errantes, combinant capacité de reconnaissance et de destruction, constituent un pas en avant dans cette direction. Le Lancet, qui peut atteindre des cibles situées à 40-50 km, selon les conditions météorologiques, est un système très puissant et précis. Il combine précision, portée et puissance d’une charge destructrice. Selon sa mission, il peut être équipé d'une ogive à sous-munition hautement explosive. Et ce tandem est utilisé contre des cibles blindées", explique Roustem Kloupov.
Les concepteurs du Lancet ont créé plusieurs modifications du drone d’attaque au cours de ces derniers mois, avec ses modèles de base présentant des ailes en X. La dernière version, le Z-53, présente une aile frontale dépliable et peut voler en essaims ainsi que se coordonner de manière autonome. Leur portée a été étendue à 60-70 km.
"D'un point de vue américain, vous savez que nous sommes assez fiers de la technologie et des capacités de nos drones", avance Karen Kwiatkowski, ancienne analyste du département américain de la Défense et lieutenant-colonel à la retraite de l'US Air Force. Elle souligne que les États-Unis ont investi beaucoup d’argent dans les technologies des drones.
"Mais les drones que les Russes ont développés... Il y en a des drones à longue portée, des gros, des petits, qui sont intégrés et bien sûr contrôlables grâce aux informations sur le champ de bataille qu'ils obtiennent", remarque-t-elle.

Hélicoptère d’attaque Ka-52

Fin juillet, un rapport des renseignements militaires britanniques a qualifié le Ka-52 de "l’un des systèmes d’armes russes les plus influents" sur le front de Zaporojié. Associés aux nouveaux missiles air-sol LMUR, qui ont une portée de tir de 15 km, les Ka-52 fonctionnent bien en dehors de la portée de la plupart des équipements otaniens de défense aérienne à courte portée, y compris les MANPAD Stinger et les Flakpanzer Gepard.
Le Ka-52 "a d’énormes capacités et il a des pales contrarotatives sur le dessus. Il est en fait très innovant", considère Karen Kwiatkowski. Il s’agit de son choix numéro un parmi les cinq meilleures armes russes de 2023.
Roustem Kloupov, pour sa part, dit être impressionné par les opérations de l’aviation militaire de première ligne russe en général, y compris le Ka-52 et le Mi-28, qui sont souvent utilisés en tandem:
"En travaillant ensemble, ces hélicoptères exploitent les qualités des deux: la puissance de frappe du Mi-28 et les caractéristiques de protection du Ka-28. La combinaison de ces hélicoptères en une seule unité de frappe permet de les utiliser plus efficacement. Et comme le T-90 en ce qui concerne les chars, ces appareils sont devenus aujourd’hui les meilleurs hélicoptères d’attaque au monde. Le Long Bow et l'Apache ne peuvent plus rivaliser avec ces hélicoptères en matière de qualités de combat".

Missile hypersonique Kinjal

Qu'il s'agisse du Tor, du T-90, du Lancet ou du Ka-52, ce sont toutes des armes tactiques, situées directement sur le champ de bataille. Cela ne s'applique pas au Kinjal –le premier missile hypersonique à lancement aérien au monde, transporté par des intercepteurs MiG-31 personnalisés et des chasseurs-bombardiers Su-34 qui peuvent accélérer jusqu'à Mach 10 et frapper des cibles jusqu'à 2.000 km de distance avec une ogive conventionnelle de 500 kg ou une ogive nucléaire de 5 à 50 kilotonnes.
Pour Alexeï Leonkov, le Kinjal est une autre des principales armes de l'opération militaire spéciale.
"Le Kinjal a excellé dans la destruction du système de missiles anti-aériens Patriot américain. C’est un gros avantage, car jusqu’à récemment, il existait un mythe selon lequel le Patriot était le système de défense aérienne le plus avancé de fabrication américaine et qu’il pouvait détruire n’importe quelle cible", déclare-t-il.
"La puissance, la précision et la vitesse de ce missile sont non seulement impressionnantes, mais elles laissent loin derrière toutes les contre-mesures et défenses. Aucun système de défense aérienne ou de défense antimissile ne peut l’abattre", avance Roustem Kloupov.
"L’effet destructeur le plus terrifiant de ce missile […] est sa capacité à pénétrer profondément dans le sol. À plusieurs reprises, ces missiles ont été utilisés contre des centres de contrôle, des systèmes de missiles anti-aériens et d’autres cibles (en Ukraine). Parmi les armes stratégiques, les missiles Kinjal sont numéro un", poursuit-il.
Michael Maloof, ancien analyste au bureau du secrétaire américain à la Défense, classe les armes hypersoniques de la Russie en général, et le Kinjal en particulier, comme les plus remarquables de 2023.
Les États-Unis "n’ont aucune défense" contre les missiles hypersoniques mais "y travaillent", souligne Michael Maloof: "De nombreux systèmes ont échoué. Les États-Unis n’ont pas encore développé leurs propres systèmes hypersoniques […]. Cela rend tout système de défense antimissile dont disposent les États-Unis ou l’Europe, pénétrable et obsolète. Surtout si ces missiles hypersoniques sont lancés en essaim, c’est-à-dire à plusieurs missiles à la fois. Il n’y a absolument aucune défense. Vous pouvez avoir le système de missiles antibalistiques le plus élaboré au monde, mais il est impossible [de vaincre ces armes hypersoniques] en raison de leur capacité de manœuvre et de la manière de leur lancement. Et si tous étaient déployés en même temps et en essaim, et s’ils étaient armés d’armes nucléaires (et beaucoup d’entre eux sont capables d’en être armés), ce serait dévastateur".
Outre le Kinjal, l’expert a mentionné le Zircon, un missile de croisière antinavire hypersonique qui peut être lancé depuis des bâtiments de surface ou des sous-marins sur des cibles situées à 1.000 km.
"Cela a rendu nos douze groupes de frappe de porte-avions pratiquement obsolètes. Si ce Zircon est chargé sur des sous-marins, il peut réellement modifier le cours des événements très, très rapidement", note-t-il.

Mention honorable à la torpille Chkval

Michael Maloof tient à mentionner une autre arme russe dont "personne" ne semble vraiment parler et qui n’est pas utilisée en Ukraine.
"Ce n’est pas une arme stratégique. C'est une arme tactique. Mais c’est une capacité extraordinaire que la Russie a développée, qui n’a pas encore été égalée par les États-Unis à ce jour, et qui n’a aucune parade", avance-t-il. Le VA-111 Chkval est une torpille supercavitante capable de faire 370 km/h.
Cette arme navale a été introduite pour la première fois dans les années 1970 et améliorée à plusieurs reprises depuis.
"370 kilomètres [par heure], il n’y a aucune défense à cela. De plus, leurs dernières versions font des manœuvres en vol" , dit l’expert, qualifiant la torpille de "tueur de porte-avions" efficace.
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