Afrique en marche

Comme en Afghanistan et en Irak, "la lutte antiterroriste américaine en Afrique est un échec total"

Les États-Unis n'ont pas seulement été incapables de vaincre les terroristes en Afrique, indique à L’Afrique en marche Yahya Zoubir, chercheur en relations internationales. Selon lui, la menace terroriste s'est considérablement accrue depuis le déploiement des troupes américaines et de leurs alliés européens sur le continent.
Sputnik
"En 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre sur les deux tours du World Trade Center à New York, le ministère de la Défense des États-Unis a commencé à parler de la prochaine menace, qui selon lui, allait venir d'Afrique", rappelle à Radio Sputnik Afrique le Pr Yahya Zoubir, chercheur senior non résident au Middle East Council of International Affairs à Doha. En effet, "dans le sillage des bombardements qui ont été menés en Afghanistan par la coalition internationale dirigée par les États-Unis, plusieurs études à l’époque sont apparues pour conforter la thèse du Pentagone quant à la nécessité de se préparer à ce que les groupes terroristes et djihadistes d’Afghanistan se redéployent en Afrique, à la recherche de nouveaux espaces plus sûrs pour leurs sécurité et leurs entrainements. Des espaces où ils pourraient également mener des attaques contre les intérêts occidentaux, notamment américains", ajoute-t-il.

Dans le même sens, le Pr Zoubir indique que "la première initiative de lutte antiterroriste en Afrique a été lancée par la France en 2002, dans le cadre du Plan Sahel, qui a créé le contexte d'un déploiement progressif dans plusieurs régions d’Afrique. C’est dans ce cadre que la base militaire française à Djibouti, le camp Lemonnier, a été reprise par l’armée des États-Unis qui y a mis beaucoup de moyens humains et matériels ultra sophistiqués. Actuellement, pas moins de 4.200 soldats américains occupent cette base qui est la plus grande en Afrique. En 2007, sous la présidence de George W.Bush, le Pentagone lança l’idée d’un commandement africain au sein de l’armée US, ce qui aboutira une année plus tard, en 2008, à la création de l’AFRICOM".

Il faut bien avoir à l’esprit, souligne l’interlocuteur de L’Afrique en marche, que "la stratégie antiterroriste américaine en Afrique, à laquelle se sont joints plusieurs pays européens, notamment membres de l’Otan, a été mise en branle dans un contexte où il n’y avait pratiquement pas d’actes terroristes en Afrique subsaharienne". Selon le Pr Yahya Zoubir, "les interventions étrangères ont été faites pour les intérêts économiques de ces pays-là, mais aussi pour déstabiliser" l’Afrique, ce qui n'a fait que contribuer à la montée en puissance des groupes terroristes. "À l’instar de ce qui s’est passé en Afghanistan et en Irak, le manque de vision et l’ignorance totale des enjeux ethniques et sociétaux des pays africains ont mené à l'échec total la lutte antiterroriste américaine et occidentale en Afrique", conclut-il.
Dans cette édition vous écouterez également:
Le Pr Hamidou Sawadogo, macro-économiste burkinabé, enseignant chercheur à l'université Joseph Ki-Zerbo
- sur l’idée de création d’une union économique et monétaire entre les trois pays du Sahel : Mali, Niger et Burkina Faso;
Lianhoué Imhotep Bayala, acteur de la société civile burkinabè et analyste politique
- sur la lutte anti-terroriste de l'armée burkinabé.
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