L’armée malienne a réussi à s’emparer de Kidal, nid de terroristes, le 14 novembre, moins de deux semaines après le retrait de la Minusma.
Une situation qui peut s’expliquer par le fait que cette mission onusienne ne visait pas du tout l’éradication du terrorisme, a estimé auprès de Sputnik Afrique, Fousseynou Ouattara, vice-président de la Commission de la défense et de la sécurité du Conseil de transition au Mali.
"La Minusma avait d'autres objectifs qui étaient tout sauf libérer le Mali des terroristes. D'ailleurs, c'est avec la venue de la Minusma qu'on a vu que le terrorisme s'était répandu un peu partout", a déclaré Fousseynou Ouattara.
Revenant sur le rôle de Paris, l’auteur initial de l’idée d’envoyer la Minusma, M.Ouattara a pointé le fait que la France gérait sans succès ses missions de maintien de la paix à travers l'Afrique depuis une quarantaine d’années.
"Comme vous le savez, aucune de ces missions ne s'est avérée être efficace", rappelle l’homme politique.
Au Mali, la prise de conscience de ces faits a eu lieu avec "la venue de jeunes militaires au pouvoir":
"Ceux-ci ont vite compris qu'il fallait changer de stratégie et particulièrement qu’il fallait changer de partenaires. C'est dans ce sens-là qu'ils ont pris contact avec la Russie", poursuit M.Ouattara, tout en faisant valoir l’apport de la Russie et du Président Poutine, ainsi que les contributions de la Turquie, de l’Iran et d’autres pays.
"À ce jour, le résultat est là: les gens qui voulaient aider le Mali à se débarrasser des terroristes, l'ont fait. En un rien de temps, en moins de deux ans, alors que la France a été là plus de dix ans avec la Minusma", a-t-il indiqué.
Une trahison tchadienne?
Plus précisément, à Kidal, c’était le contingent tchadien, l’un des contributeurs de la Minusma, qui y était déployé. Après qu’ils ont levé leur check-point, les terroristes ont pu entrer à Kidal.
"Ce fut une trahison, un coup de couteau dans le dos parce que les Tchadiens avaient enlevé les soldats maliens de ces camps pour les amener dans les camps où ils étaient basés. Et cela avait permis aux terroristes de venir s'emparer des arsenaux du Mali, en l'occurrence plus de 50 pick-up Kia et d'autres armements", lance M.Ouattara.
Selon lui, les forces armées maliennes contrôlent désormais tout le territoire du pays, car elles peuvent "intervenir à chaque coin du Mali" et "frapper l’ennemi de chaque côté". Ce qui ouvre la voie au lancement d’initiatives économiques.
Dans un premier temps, il faut toutefois "récupérer les habitants qui avaient été manipulés, qui étaient perdus, qui étaient alliés des terroristes" et "panser les blessures de la population". Puis, en 2024, l’un des objectifs serait "de lancer la base même de l’émergence du Mali", riche en mines, a rapporté le haut responsable.
Interdire les médias occidentaux
Interrogé au sujet de la guerre d’information menée par l’Occident contre le Mali, il a suggéré un éventuel blocage de médias français supplémentaires, outre France24 et RFI déjà suspendus:
"Nous allons tout faire pour les interdire et aussi des médias d'autres pays occidentaux, qui ne sont que des tambours de résonnance de ce que l'Élysée dit".
En effet, l’Occident "n’a plus le monopole de l'information" grâce aux réseaux sociaux où les gens peuvent obtenir de bonnes informations que ce soit sur le Mali, mais aussi sur la Russie et d’autres régions du monde.
Des liens forts avec la Russie
Quant à l’"excellente" coopération russo-malienne, Fousseynou Ouattara a mis en exergue le fait que la Russie "n'a[avait] jamais posé de questions politiques pour l'approvisionnement du Mali en armement militaire".
Puis, elle a octroyé "beaucoup de bourses" aux militaires maliens pour qu’ils puissent venir suivre des formations.
"La coopération avec la Russie est en train de s'étendre à d'autres domaines tels que le domaine de l'énergie, le domaine des transports", s’est réjoui M.Outtara, suggérant que le Mali ferait "tout" pour qu’elle devienne l’un de ses premiers partenaires commerciaux.