Commémorant les pogroms anti-juifs en Allemagne et en Autriche en 1938, la journée internationale contre le fascisme et l'antisémitisme est célébrée ce 9 novembre.
Lors de la nuit du 9 au 10 novembre, connue depuis sous le nom de Nuit de cristal, les nazis ont tué plus de 90 personnes (selon d'autres sources, jusqu'à 2.000).
D’après diverses estimations, de 3.500 à 30.000 Juifs ont été arrêtés et envoyés dans des camps de concentration. Environ 300 synagogues (selon d'autres sources, environ 1.500) ont été entièrement incendiées et des milliers de devantures de magasins juifs ont été détruites - d'où le nom du pogrom.
Suite à l'absence presque totale de réactions, tant en Allemagne que dans d'autres pays européens, les nazis ont eu les mains libres pour commencer l'extermination physique de tous les Juifs européens, estiment les historiens.
La Nuit de cristal est devenue un tournant dans le sort des Juifs allemands et autrichiens et le prologue de l'un des crimes les plus terribles du régime nazi: l'extermination massive des Juifs, soit l'Holocauste.
Espoirs vains
La victoire sur le nazisme au cours de la Seconde guerre mondiale a engendré l’espoir que son idéologie, qui appelait à tuer pour des raisons de religion, d’origine ethnique, de couleur de peau et d’orientation sexuelle, avait également été éradiquée. Mais cela ne s'est pas produit.
La mondialisation, la migration de plusieurs millions de personnes de différents pays vers des régions ayant un niveau de développement économique plus élevé (principalement l'Europe occidentale et les États-Unis), la propagation des opinions nationalistes et religieuses de caractère extrémiste et, parallèlement, la flambée du terrorisme international ont provoqué la croissance de la xénophobie.
Au début du XXIe siècle, les manifestations de xénophobie, de nationalisme, d'antisémitisme, de racisme - tout ce qui constitue le concept du "nazisme" - sont devenues plus fréquentes dans diverses régions du monde.
La connivence des autorités avec les groupes radicaux de droite et l’utilisation du néonazisme à leurs propres fins politiques jouent un rôle clé dans la croissance des sentiments néo-nazis et nationalistes radicaux.
Moscou dénonce la falsification de l’Histoire
Selon le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dans un certain nombre d’États européens, principalement en Ukraine et dans les pays baltes, la falsification de l'Histoire et la justification des crimes nazis sont devenues la norme. Les tombes des soldats de l’Armée rouge sont profanées et le patrimoine commémoratif soviétique fait l’objet d’une attaque effrénée.
L’hommage rendu au Parlement canadien à un ancien membre de la division de la Waffen SS Galicie, à l’occasion de la visite du Président ukrainien, donnait un exemple éclatant de l’activité que l’Occident menait afin d’encourager l’état d’esprit néonazi, a indiqué de son côté le secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe Alexandre Venediktov.
Un regain d’antisémitisme
Selon les experts de l’Onu en matière de droits de l’Homme, l’année 2021, tout comme 2020, 2019 et 2018, a connu un niveau historique d’antisémitisme dans le monde.
En 2022, le plus grand nombre d’incidents antisémites a eu lieu en Europe (46%), suivie par les États-Unis (39%).
Une nouvelle vague d’actions anti-israéliennes a déferlé sur l’Europe en lien avec l’aggravation du conflit palestino-israélien du 7 octobre.
L’ambassadeur israélien à l’Onu a reconnu que le monde avait affaire à une "croissance sans précédent de l’antisémitisme".
Les efforts russes contre la glorification du nazisme
Depuis 2005, la Russie dépose annuellement à l’Assemblée générale de l’Onu un projet de résolution sur la lutte contre l’héroïsation du nazisme. Cependant les États-Unis ont toujours voté contre. Depuis 2014, l’Ukraine s’y est jointe. En 2022, certains autres pays, y compris l’Allemagne, l’Italie et le Japon, ont également voté contre cette résolution.
Pour combattre le nazisme, l’extrémisme et autres actions offensant la mémoire des dizaines de millions de victimes de la Seconde Guerre mondiale, le Président russe le 5 mai 2014 a signé un décret introduisant une peine de prison pour la réhabilitation du nazisme et la négation des faits établis par le tribunal de Nuremberg, ainsi que pour la diffusion de fausses informations sur les activités de l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale.
La journée internationale contre le nazisme est une occasion pour la communauté internationale d’honorer la mémoire des morts pendant la Nuit de cristal et de toutes les victimes du nazisme. C’est également une occasion d’informer les gens sur les dangers du nationalisme, populisme, antisémitisme, extrémisme de droite et néonazisme.
L’événement est coordonné depuis le début des années 1990 par l’United for Intercultural Action, un réseau européen contre le nationalisme, le racisme, le fascisme et pour le soutien des migrants et des réfugiés (UNITED) qui réunit plus de 560 organisations de 46 pays européens.