Le conflit en Ukraine va pâtir de la situation au Moyen-Orient, assure un ancien diplomate

La flambée des tensions en Israël va détourner l’attention du conflit en Ukraine et Kiev en sortira perdant, a déclaré à Sputnik Peter Ford, ancien ambassadeur britannique à Bahreïn et en Syrie.
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Un conflit lourd de conséquences. L’attaque du Hamas sur les territoires israéliens et la réponse de Tel Aviv risque d’avoir des répercussions bien au-delà du Moyen-Orient, a déclaré à Sputnik Peter Ford, ancien ambassadeur britannique à Bahreïn et en Syrie.
L’opinion internationale risque en particulier de se focaliser sur le conflit israélo-palestinien, au détriment de l’Ukraine, selon le diplomate. Les grandes puissances pourraient également reporter leur intérêt sur l’escalade au Moyen-Orient.
"L'Ukraine sera affectée de différentes manières. La communauté internationale n'a pas la possibilité de se concentrer sur deux conflits, et le perdant sera le conflit de faible intensité en Ukraine", a ainsi expliqué Peter Ford.
En outre, le conflit entre Israël et le Hamas pourrait provoquer une nouvelle hausse des prix sur le marché des matières premières, aggravant la conjoncture économique mondiale. Cela pourrait aussi "réduire la capacité et le désir de continuer à nourrir financièrement l'appétit insatiable de l'Ukraine", avance l’ancien diplomate. De nouvelles fournitures d’armes pourraient devenir délicates.

Le prix de la normalisation

L’ancien ambassadeur explique encore que l’attaque du Hamas est en partie une réponse à la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes. Les accords d’Abraham, signés en 2020, avaient en particulier rapproché Tel Aviv de Bahreïn, des Émirats arabes unis, puis du Maroc. Un changement de donne diplomatique qui avait laissé les Palestiniens sur le bord de la route.
"Cette tendance a dû aggraver le désespoir des Palestiniens, puisque les accords d’Abraham se sont révélés être le seul fruit amer d’un processus de paix frauduleux au Moyen-Orient qui dure depuis des décennies", a expliqué Peter Ford.
D’autres observateurs pointent aussi du doigt le rapprochement en cours entre Israël et l’Arabie saoudite. Une normalisation très mal acceptée par le Hamas, et par l’Iran qui l’appuie traditionnellement, expliquait récemment à Sputnik Kobi Michael, de l'Institut d'études sur la sécurité nationale de l'Université de Tel Aviv.
L’opération du Hamas pourrait désormais forcer Ryad à reconsidérer ses positions, voire même à adoucir son discours envers l’Iran, via la médiation chinoise, explique pour sa part à Spuntik le politologue Imad Salamey.
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