Forum de Grenade sans l’Azerbaïdjan: Bakou accuse Macron d’hypocrisie

La diplomatie azerbaïdjanaise a qualifié d’hypocrites les propos d’Emmanuel Macron sur le refus de Bakou de participer à la réunion de la Communauté politique européenne en Espagne le 5 octobre. La rencontre était vouée entre autres à apaiser les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Sputnik
Les allégations anti-azerbaïdjanaises du Président français sur le refus de l’Azerbaïdjan et de la Turquie de participer à la réunion de la Communauté politique européenne (CPE) en Espagne sont infondées et hypocrites, a déclaré le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères.
"Nous condamnons et rejetons les allégations infondées du Président français […] qui sont un cas évident d'hypocrisie. Les participants à cet événement sont bien conscients de l'opposition particulière de la France à la participation de la Turquie à la réunion. La diffusion par le Président français de fausses informations à ce propos représente un comportement inapproprié pour un chef d'État", a indiqué le ministère dans un communiqué.
La diplomatie azerbaïdjanaise a aussi jugé "inacceptable" que la France, le seul pays membre de l'Union européenne à ne pas avoir adhéré à la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, "tente de donner des leçons sur les droits des minorités à l'Azerbaïdjan, où de nombreuses ethnies vivent dans la paix et la tranquillité et qui donne un exemple par ses valeurs multiculturelles et multi-ethniques".

Bakou, le grand absent en Espagne

Une réunion visant à apaiser les tensions arméno-azerbaïdjanaises autour du Haut-Karabakh était prévue dans le cadre du sommet de la CPE à Grenade, dans le sud de l’Espagne, en présence du président du Conseil européen Charles Michel, du Président français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Olaf Scholz et des dirigeants azerbaïdjanais et arménien, annonçaient les médias.
Pourtant, le Président Ilham Aliev ne s’est pas rendu en Espagne. Selon les médias azerbaïdjanais, Bakou avait insisté pour que la Turquie soit également présente aux négociations, mais la France et l'Allemagne s'y étaient fermement opposées.
Lors d’une conférence de presse, Emmanuel Macron a regretté l'absence des Présidents azerbaïdjanais et turc aux négociations avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Il a dit vouloir appeler M.Aliev pour "maintenir la pression" sur Bakou. Selon le Président français, les principaux problèmes restent la situation humanitaire en Arménie, "causée par les actions de l'Azerbaïdjan", et le litige frontalier entre les deux pays.
La troisième édition du sommet de la CPE élargie (pays de l’UE et leurs voisins) a rassemblé à Grenade les chefs d’États et de gouvernement de 47 États. Selon le journal Politico, cette rencontre a "échoué" en raison de l’absence d’acteurs-clés comme les Présidents turc et azerbaïdjanais.

Conflit dans le Haut-Karabakh

Le 19 septembre, l’armée azerbaïdjanaisea déclenché "des activités locales anti-terroristes" dans le Haut-Karabakh, une enclave à majorité arménienne qui avait proclamé unilatéralement son indépendance début 1990. Depuis là, ce territoire était disputé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Des milliers d’Arméniens ont quitté le Haut-Karabakh en quelques jours suite à l’opération militaire de Bakou. Le 20 septembre, grâce à la médiation des soldats russes de maintien de la paix, un accord de cessez-le-feu a été conclu. Fin septembre, les autorités de la république autoproclamée ont annoncé leur dissolutionà compter du 1er janvier 2024. Ce territoire devra être entièrement réintégré à l'Azerbaïdjan.
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