Des centaines d’enfants de réfugiés ukrainiens placés sous tutelle en Europe

Les services sociaux européens ont retiré plusieurs enfants ukrainiens à leurs familles. Les raisons sont différentes, bien que les violences physiques ou sexuelles soient des exceptions. Ces cas ne sont pas isolés en Allemagne, en Pologne et en France.
Sputnik
Arrivés en Europe, des centaines de réfugiés ukrainiens ont vu leurs enfants mis sous tutelle. En août, 75 enfants ukrainiens avaient été retirés à leurs familles en Pologne, sept en Italie et 11 en France, selon la BBC Ukraine, qui se réfère à des ambassades ukrainiennes. La mission diplomatique ukrainienne en Allemagne admet que de tels cas ne sont pas isolés, sans fournir de chiffres précis.
Cet été, le bureau du commissaire aux droits de l'homme du Parlement ukrainien a signalé au moins 240 cas dans lesquels des enfants ont été retirés à leurs parents ou tuteurs dans des pays occidentaux par les services sociaux locaux.

Les raisons de cette tendance

Les causes de ces mises sous tutelle sont nombreuses. Les crimes graves – les violences physiques ou sexuelles – sont toutefois plutôt des exceptions dans ces statistiques, selon des avocats et des experts.
"Le motif pour contacter le service de protection de l'enfance peut être un grand cri venant de l'appartement, des pleurs prolongés d’enfant ou la présence d'égratignures ou de contusions sur le visage de l'enfant", explique toujours à la BBC l'ambassade d'Ukraine en Allemagne.
En Pologne, le plus souvent les enfants ont été retirés parce que leurs parents étaient en état d'ébriété, selon la mission diplomatique ukrainienne dans ce pays.
En général, l’incompréhension du contexte législatif constitue l’une des raisons. Par exemple, dans de nombreux pays européens, la scolarisation d’un enfant à partir d’un jeune âge est obligatoire. Ensuite, l'absence aux cours sans motif valable ni d’avertissements des parents sont un motif pour l'administration de porter plainte auprès des services sociaux. Ces derniers peuvent décider que les parents ne sont pas en mesure de s'occuper de leurs enfants.
De plus, plusieurs Ukrainiens ne savent pas que dans de nombreux pays européens, il est interdit de laisser un enfant seul à la maison. De plus, les restrictions d'âge sont différentes pour chacun - en France et au Royaume-Uni, un enfant doit être sous la surveillance d'adultes jusqu'à 12 ans, en Pologne - jusqu'à 7 ans.
Des problèmes surgissent également si un enfant a été amené d'Ukraine par ses grands-parents. En particulier, en Italie ou en France, une personne qui a atteint l'âge de 65 ans ne peut pas être tuteur.

La varicelle entraîne l’intervention de la police

Les embrouilles mènent parfois à des aberrations. À Genève, une réfugiée ukrainienne a reçu un avertissement officiel du service social local et l'ordre de se soumettre à un test de dépistage de drogues parce que son enfant n'était pas allé à l'école depuis 15 jours.
"L'enfant avait la varicelle, il était impossible de lui prendre rendez-vous avec un médecin, la mère a soigné l'enfant à la maison", raconte Ninel Omelyanenko, psychothérapeute et bénévole dans un centre de réfugiés à Genève. Pendant tout ce temps, la maman recevait des lettres de l'école et des services sociaux, qu'elle traduisait mal. Puis ils sont venus chez elle, elle a eu peur et n’a pas ouvert la porte, et ils ont appelé la police parce qu’elle aurait retenu l’enfant de force, relate la spécialiste.
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