Le scandale Lady R: vers la fin de la domination des USA, pour un chercheur sud-africain

Une enquête indépendante a mis fin aux allégations d’un ambassadeur US qui avait accusé l'Afrique du Sud d’avoir chargé des armes à bord d’un cargo russe. Un chercheur sud-africain estime auprès de Sputnik Afrique que cette manipulation, visant à maintenir la pression sur Pretoria, annonce la fin de l’époque de la domination des États-Unis.
Sputnik
Les États-Unis peuvent "soit accepter d'être un partenaire dans un monde multipolaire" soit continuer à "lutter pour la position hégémonique qui ne durera pas longtemps". Les résultats de l’enquête menée par l’Afrique du Sud en réaction aux accusations gratuites de l’ambassadeur américain sur le cargo Lady R montrent que Washington préfère la manipulation et que cela annonce sa perte d’influence, a déclaré à Sputnik Afrique Oscar van Heerden, maître de conférence au Centre pour la diplomatie et le leadership africains de l’Université de Johannesburg.
"Ils veulent toujours faire pression sur les pays, en l’occurrence ceux du Sud et de l'Afrique en particulier, pour qu'ils se rangent de leur côté, parce qu'ils pensent que cela leur donne une autorité morale pour leurs actions", a-t-il indiqué.

Affaire Lady R

Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, est revenu le 3 septembre sur les résultats d’une enquête indépendante ouverte sur sa décision après les accusations de l’ambassadeur américain Reuben Brigety. Ce dernier avait affirmé en mai que des armes avaient été chargées à bord du cargo russe Lady R en décembre 2022, à la base navale sud-africaine de Simonstown. M.Ramaphosa a indiqué que la Commission indépendante n’avait détecté "aucune preuve" à l’appui de ces accusations.
Selon lui, les enquêteurs n’avaient pas non plus trouvé de preuve permettant d’affirmer que ce navire transportait des armes d'Afrique du Sud à destination de la Russie. L’enquête a établi que le cargo devait "livrer des équipements commandés pour la Force de défense nationale sud-africaine en 2018 par Armscor, la société d’approvisionnement en armes du pays".
Dans le même temps, le Président a déploré que d’aucuns avaient profité des accusations de Washington pour mettre en doute la position de l’Afrique du Sud à l’égard du conflit en Ukraine. Cela a porté préjudice à l’économie sud-africaine, a-t-il noté.

Le non-alignement dans le conflit en Ukraine

Pour M.van Heerden, "de nombreux pays, y compris l'Afrique du Sud, qui souscrivent toujours au principe de non-alignement, ont tiré les leçons de la guerre Froide qui a suivi la Seconde Guerre mondiale".

Et donc à cet égard, l’Afrique du Sud a décidé d’adopter une position non alignée et de ne pas prendre parti dans le conflit entre grandes puissances, "parce que personne n'est dupe du fait que c'est la Russie contre l'Ukraine".
En effet, Moscou ne combat pas Kiev, mais "l'ensemble de l'Otan sous la direction des États-Unis" sur le sol ukrainien, c’est "une guerre par procuration", note le chercheur sud-africain. Washington, qui souhaite que tout le monde condamne la Russie et son opération spéciale en Ukraine, se montre prêt à tout mettre en œuvre pour exercer la pression nécessaire sur certains pays, dont l'Afrique du Sud.

"C'est pourquoi, lorsque l'ambassadeur a lancé ces accusations farfelues, on ne peut que supposer qu'il a été informé du fait que les États-Unis voulaient, par l'intermédiaire du département d'État, nuire à l'Afrique du Sud et qu'ils y sont parvenus. Il s'agissait donc d'une manœuvre soigneusement élaborée pour tenter d'obtenir les résultats que nous avons effectivement constatés, à savoir un affaiblissement du rand et un coup porté à la bourse de Johannesburg".

Néanmoins, cette tentative de pression sur Pretoria a été infructueuse. Selon le professeur, il faut s’attendre à de nouvelles attaques américaines parce qu’il "est assez clair que le pouvoir hégémonique des États-Unis commence à décliner" dans un environnement géopolitique en mutation.

"Cela n'a pas marché. Mais je ne pense pas que ce soit la dernière [tentative, ndlr] […]. Je pense qu'ils vont utiliser de plus en plus de stratégies et de tactiques dans leur petite boîte à outils pour essayer d'exercer une pression sur de nombreux pays, y compris l'Afrique du Sud."

Risque de guerre nucléaire

M.van Heerden a terminé son analyse auprès de Sputnik sur le risque de guerre nucléaire qui pèse sur le monde. À son avis, le responsable ne sera personne d’autre que les États-Unis.

"Les États-Unis poussent le monde de plus en plus à se rapprocher d'une possible catastrophe nucléaire, parce que si Poutine, si la Russie sent que sa souveraineté est menacée, alors ils seront évidemment obligés d'utiliser une arme nucléaire. C’est donc un moment d’introspection", a-t-il conclu.

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