Voilà pourquoi Niamey expulse l’ambassadeur de France mais pas celui des USA, selon un africaniste

L’ambassadeur de France au Niger doit partir, mais pas celui des États-Unis. Un chercheur de l’Institut russe des pays d’Afrique a expliqué à Sputnik les éventuelles raisons de cette approche différente adoptée par les militaires au pouvoir au Niger à l’égard de deux pays occidentaux.
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Contrairement à Paris, Washington s’en tient à une ligne de conduite plus équilibrée par rapport à la situation au Niger, c’est pour cette raison que son ambassadeur restera dans le pays alors que celui de la France devra le quitter sous 48 heures, a déclaré à Sputnik Nikita Panine, chercheur de l’Institut des pays d’Afrique de l’Académie des sciences de Russie.
"La France aurait propulsé en coulisses de nombreuses initiatives pour reprendre le contrôle des processus dans la région, y compris apparemment une intervention au Niger. De plus, les autorités françaises ne voulaient pas entrer en contact avec les nouvelles autorités du Niger", a noté le politologue.
Une autre raison motivant les nouvelles autorités nigériennes à retirer l'agrément à l'ambassadeur de France à Niamey, serait en fait son refus de rencontrer le nouveau ministre nigérien des Affaires étrangères. Les États-Unis ont, au contraire, envoyé la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland à Niamey pour mener des entretiens avec les militaires au pouvoir et ont désigné un nouvel ambassadeur à Niamey, rappelle M.Panine.

"Les États-Unis défendent leurs intérêts avec plus de prudence et suivent une ligne plus équilibrée, cherchant à éviter l’escalade […]. La position occupée par les États-Unis est moins scandaleuse que celle de la France. Pourtant cela ne veut pas dire que Washington a une attitude différente à l’égard de la situation au pays", a estimé le politologue.

Visite de Victoria Nuland à Niamey

La sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires étrangères, Victoria Nuland, s’était rendue le 7 août au Niger afin d‘appeler au "rétablissement de l’ordre constitutionnel". Elle n’avait toutefois pas réussi à rencontrer Mohamed Bazoum, Président renversé suite au coup d’État, devant se contenter d’une conversation téléphonique avec lui.
Elle n’avait pas non plus été autorisée à rencontrer le général Abdourahmane Tchiani, nouvel homme fort au pouvoir au Niger.
La diplomate américaine a cependant eu une réunion avec le chef d’état-major Moussa Salaou Barmou, ainsi qu'avec trois de ses plus proches responsables militaires.

L'ambassadeur de France invité à quitter le pays sous 48h, le diplomate US reste

Le 25 août au soir, le ministère nigérien des Affaires étrangères avait déclaré avoir retiré l’agrément à l'ambassadeur de France à Niamey, Sylvain Itté, qui devrait quitter le territoire de l’État africain sous 48 heures "en raison d'actions françaises contraires aux intérêts de Niamey". La France avait réagi en déclarant que les militaires issus d’un coup d’État n’avaient pas le droit de demander le départ de son diplomate.
Plus tard, l’agence France-Presse avait affirmé que les militaires au pouvoir au Niger auraient décidé d’expulser également les ambassadeurs des États-Unis, d’Allemagne et du Nigeria.
Cependant, le département d'État américain avait démenti l’information sur son ambassadeur auprès de Sputnik. Toujours selon la même source, le ministère nigérien des Affaires étrangères avait contacté les autorités des États-Unis pour préciser qu’il n’avait pas appelé les diplomates américains à partir. France-Presse avait par la suite annulé ses dépêches sur l’expulsion des ambassadeurs américain, nigérian et allemand, dans la nuit du 25 au 26 août, expliquant que les autorités avaient démenti ces révélations.
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