Un boulet au pied. L’obligation de passer par le dollar pour échanger en Afrique coûte cher au continent, en particulier aux commerçants les plus modestes, a expliqué à Sputnik Afrique Busisiwe Mabuza, présidente du Conseil des entreprises BRICS en Afrique du Sud.
La responsable souligne que le continent reste économiquement "très fragmenté" et que des dizaines de devises s’y côtoient.
Une monnaie unique pourrait voir le jour, mais le processus doit être appréhendé avec vigilance. Pour l’heure, l’idée de commercer en devises nationales semble la plus séduisante pour court-circuiter le dollar.
L’Afrique ne doit pas se précipiter vers une monnaie unique, au risque de répéter "l’expérience que les Européens ont vécue avec la sortie du Royaume-Uni de l’UE", ajoute l’économiste. Le continent doit tirer les leçons de l’échec européen et commercer en devises locales, pour "comprendre si les systèmes économiques africains se prêtent réellement à une devise unique".
Alors que plusieurs pays africains toquent à la porte des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), Busisiwe Mabuza pense que le secteur agricole pourrait profiter de cette dynamique. Le groupe des cinq peut en effet apporter son expertise en la matière, ce qui renforcera la croissance africaine, qui elle-même entraînera la croissance mondiale dans son sillage.
La coopération entre les BRICS et l’Afrique passera également par l’investissement dans les infrastructures, en particulier minières, souligne encore Busisiwe Mabuza. Il ne s’agira pas seulement "d’extraire les minerais", mais de le traiter pour industrialiser le continent, ajoute-t-elle.
Alors que le 15e sommet des BRICS s’est ouvert ce 22 août à Johannesburg, Moscou a déjà déclaré que l’usage des monnaies nationales dans les transactions mutuelles
serait à l’ordre du jour. Des débats devraient aussi porter sur la création de modes de paiement alternatifs, plus résistants aux pressions extérieures que les systèmes actuels.