La fin d’une ère. En s’affirmant sur la scène internationale, les BRICS sonnent le glas du modèle occidental, a expliqué à Sputnik Afrique le militant panafricaniste Kémi Séba.
Le groupe des cinq (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) porte une vision plus multipolaire du monde, qui répond aux aspirations d’"une grande majorité de l'humanité, qui ne veut plus être dirigée par l'Occident", explique-t-il. Le camouflet infligé au Président français, qui n’a pas été invité au sommet des BRICS alors qu’il en avait fait la demande, est symptomatique de cette contestation nouvelle.
"Tout ce qui peut permettre de limiter l'influence de l'Otan, de l'oligarchie occidentale, est bon pour le reste de l'humanité. Nous sommes aujourd'hui dirigés par une minorité qui veut imposer ses règles au reste du monde. Un début de résistance à cette hégémonie se matérialise avec les BRICS […] Le fait qu'ils aient refusé la présence d'Emmanuel Macron me paraît d’ailleurs un acte historique, un rappel pour dire qu'aujourd'hui l'Occident n'est plus le shérif de l’humanité", explique ainsi Kémi Séba.
L’Occident a déstabilisé l’Afrique
La fin de l’hégémonie occidentale semble particulièrement prégnante en Afrique, où l’influence française est de plus en plus contestée, souligne encore le militant panafricaniste. L’Occident se prend un juste retour de bâton, après avoir semé le chaos en Libye et déstabilisé toute la région sahélienne.
"La déstabilisation de la Libye par la France et les États-Unis a entraîné la déstabilisation du Sahel, puis la déstabilisation de l'Afrique de l'Ouest et centrale. Nous subissons les contrecoups de cette politique folle, impérialiste, prédatrice de l'oligarchie occidentale […]Mais l'occidentalisation du monde, comme tout processus impérialiste, a un début et une fin. Je pense que nous arrivons aujourd’hui à la fin de cette hégémonie; on le voit en Afrique", explique ainsi Kémi Séba.
Le militant panafricaniste salue aussi le processus de dédollarisation en cours, estimant que "tout ce qui peut faire chuter l’hégémonie du billet vert est bon à prendre". Mais en Afrique, la lutte pour la souveraineté monétaire doit aussi passer par la remise en cause du Franc CFA, adossé sur l’euro, qui plombe les économies locales, rappelle-t-il.
Le sommet des BRICS qui s’est ouvert ce 22 août à Johannesburg entend mettre l’accent sur l’émergence d’un monde plus multilatéral. La question de l’élargissement du groupe à de nouveaux membres y sera discutée. D’autres débats porteront sur les règlements en devises nationales et sur la création d’une potentielle monnaie commune aux BRICS. Le sommet réunira plus de 60 États du Sud global.